Changement de programme!

Depuis Kuala Lumpur, il était prévu que nous prenions un vol pour Calcutta et de visiter l’Inde durant deux mois, avant de terminer notre voyage en Indonésie. Mais voilà… Dans la vie, et plus particulièrement en voyage, tout ne se passe pas toujours comme prévu… En Malaisie, il est impossible d’obtenir un visa indien. Changement de programme donc! Demain, nous nous envolerons vers Katmandou (Népal) où nous devrions recevoir un visa d’un mois. Montagnes et treks en perspective donc. Et courbatures aussi, car depuis quelques mois, notre activité physique n’est plus très poussée. Enfin, nous voilà à nouveau tout motivés pour la suite de notre voyage! Surtout que nous avons finalement changé tous les plans… Car en voyage, s’il y a bien une chose à respecter, c’est ses envies et sa liberté. Alors si nous recevons bien tous les visas nécessaires, durant nos derniers mois, nous devrions passer en Inde du Nord, en Iran et en Turquie. Les vacances, ce sera pour une autre fois 😉

Vive les vacances!

Contrairement à ce que l’on pourrait croire lors du départ… une année de voyage n’est pas de tout repos. La vie de globetrotteurs est certes extrêmement enrichissante, mais au cours des mois, certaines choses deviennent parfois difficiles à supporter. Dormir à l’hôtel tous les jours, par exemple, pourrait sembler être le plus grand des luxes, mais comme nous habitons plutôt des bungalows en bambou (souvent en colocation avec des petites bêtes plus ou moins gentilles…) que des resorts cinq étoiles et que nous déménageons tous les deux trois jours en moyenne, l’inconfort et le mouvement sont parfois pénibles à endurer. De même, manger au restaurant trois fois par jour n’est pas des plus agréables: on ne sait pas toujours sur quoi l’on va tomber, et même si la nourriture est, la plupart du temps, très bonne, cuisiner à notre sauce nous manque. Oh et en passant, nous avons énormément apprécié la viande séchée, le jambon cru, le Gruyère et la bouteilles de vin rouge qui ont si facilement échappés à la vigilance des douaniers… MERCI!! Cependant, nous vous rassurons, ce qui ne nous manque pas du tout, c’est de faire notre lessive ;-

C’est donc exténués par nos huit premiers mois de voyage – non non, nous n’exagérons pas du tout ;-), que nous avons retrouvé nos amis Christine et Fabien pour trois semaines de vacances en Thaïlande. Nous reprenons nos discussions pratiquement où nous les avions laissées: c’est comme si nous ne nous étions jamais quittés. Il faut dire qu’avec Internet, et Skype notamment, la communication reste pratiquement quotidienne. D’ailleurs, mes parents qui avaient eux aussi voyagé durant une année, mais il y a vingt-cinq ans de cela, étaient plutôt surpris, au début de notre périple, d’avoir autant de nouvelles. A l’époque, ils n’avaient envoyé et reçu que quelques lettres… Nous, en tout cas, nous sommes chaque jour heureux d’allumer notre ordinateur pour connaître les dernières aventures de nos familles et amis, ainsi que les dernières nouvelles locales ou internationales. Car nous ne sommes pas partis en espérant trouver un monde meilleur. Non, nous aimons notre Suisse et serons heureux d’y revenir. Nous souhaitions seulement découvrir d’autres horizons. Nous sommes donc très contents d’être accompagnés de notre mini laptop qui nous permet aussi d’occuper certaines de nos soirées à regarder une série ou un film (Merci A&G 😉 ). Mais en compagnie de Christine et Fabien, il n’est pas question de nous isoler pour notre petit écran. Nous préférons passer nos soirées à jouer au Brändi Dog (un jeu suisse allemand). Surtout lorsque, en équipe par couples, nous les battons sur un score final de 10 à 6… Non, arrêtons-là, c’est vrai que nous avons eu les bonnes cartes au bon moment 😉

En vacances, donc, nous profitons de faire ce que souvent, dans notre vie quotidienne si chargée, nous ne prenons pas le temps de faire. En fait, nous prenons le temps, tout simplement. Nous regardons peu notre montre, et malgré cela, les heures passent trop vite! Un pancake à la banane pour le petit déjeuner, un moment sur la plage, un fruit shake, une tartine de crème solaire, un Brändi Dog, une baignade, un peu de lecture ou une sieste, une virée en scooter, un peu de shopping, des rouleaux de printemps et un fruit shake, un massage ou un peu de golf, une douche et de l’anti-moustique, un curry thaï ou des crevettes (parfois les deux, même)… et on ne sait comment… les trois semaines sont déjà terminées. Remplies de beaucoup de « premières fois » pour nos amis qui font leurs premiers pas en Asie, elles auront été l’occasion de découvrir quelques lieux culturels (à Bangkok et Ayuthaya notamment), mais aussi des fonds marins de toute beauté. Depuis la mini île de Ko Phayam où nous nous étions déjà rendus en novembre, nous partons pour une expédition snorkeling (masque et tuba) de deux jours dans le parc maritime de Ko Surin. Nous nous attendions à ce que ce soit beau, mais à ce point, nous ne l’espérions pas! Pour la première fois, nos photos n’égalent pas du tout ce que nous avons vu… Nous avons comme nagé dans un aquarium géant où la visibilité est incroyable. Parmi les milliers de poissons observés, nous avons eu la chance de voir passer un requin!! Nous savions que l’endroit y était propice et rêvions d’en voir un, mais en même temps, avions un peu peur. Lorsque je l’ai vu, j’ai immédiatement su que c’en était un. Christine l’a vu en même temps que moi. Réflexe: nous avons sorti la tête de l’eau et nous sommes regardées. Elle l’air de dire: « tu as vu comme il est gros ce poisson » et moi disant: « Aaahhhhh, c’est un requin!!! ». Wouah, incroyable. Et par chance, il est repassé près de nous une seconde fois, ce qui nous a permis de l’observer un peu mieux, sans la première appréhension. Fabien, lui, a malheureusement manqué le requin, mais a eu l’exclusivité d’une rencontre avec une tortue. C’est donc émerveillés que nous rentrons de ce petit voyage. D’ailleurs, notre seconde excursion de snorkeling, cette fois depuis l’île de Ko Lanta, ne nous a pas autant charmés… Oui, nous savions que nous commencions par le top avec Ko Surin, mais ne nous attendions tout de même pas à voir ce que nous avons vu depuis cette île qui a donné son nom à une émission de télé réalité bien connue. Plus que les poissons, ce qui nous a marqué, ce sont les hordes de touristes, souvent asiatiques. Ne sachant pas bien nager, tous agrippés les uns aux autres, ils forment des files humaines de gilets de sauvetage, tirées par un guide. Lorsque, dégoûtés par le spectacle, nous refusons de sauter à l’eau pour les rejoindre, notre guide (par chance, nous avons loué un bateau privé pour nous quatre), compréhensif, nous conduit dans un endroit moins fréquenté. En fin de journée, il nous propose même une plongée supplémentaire où nous sommes seuls, pour voir de petits Nemos. Cependant, nous sommes obligés de nous mêler à la masse pour atteindre une plage de sable blanc encerclée par des pics rocheux et uniquement accessible en traversant une grotte à la nage, sur une centaine de mètres. Oh oui, le lieu est incroyable, mais nous mettons un moment à y voir le charme, tant il est bondé!

Heureusement, sur l’île de Ko Lanta, nous trouvons de petits coins sympas et calmes. Il y a le coin à cocktails et aux crevettes pannées; celui au sandwich au thon, au mango shake et à la vue imprenable; celui au coucher de soleil, à la pleine lune et au barracuda frais de quelques heures pour une soirée inoubliable; ou encore celui à l’ambiance tamisée (enfin… quand il n’y a pas de coupure d’électricité…). Bref, il n’y a que l’embarras du choix! Être sur une île un peu plus grande que celle de Ko Phayam a donc certains avantages, mais Ko Lanta est à la limite du lieu trop développé à notre goût. Du moins, c’est ce que nous pensions avant de la quitter pour Phuket où nous avons dû passer une nuit avant de prendre un vol pour rejoindre la Malaisie. Nous comprenons maintenant pourquoi Ko Lanta, dans les guides de voyage, est décrite comme une petite île tranquille et pas trop touristique: notre passage éclair à Phuket et aux abords de Ko PhiPhi nous a donné de graves maux de têtes. Allons, pour une fois, laissons sortir notre côté un peu trash: nous a donné envie de vomir! Certains diront que quelques heures ne suffisent pas pour un avis objectif, mais nous nous permettons tout de même de le donner. Tout n’est qu’abus: la masse de touristes, le développement urbain et commercial, l’irrespect des valeurs locales, la débilité humaine, et j’en passe. Si Ko Lanta semble déjà suivre la même voie que Ko PhiPhi et Phuket (même si c’est pour l’instant un lieu encore tout à fait agréable), nous ne pouvons qu’espérer que la mini Ko Phayam saura garder son côté sauvage, même si entre notre première visite en novembre et celle-ci, en mars, de nouveaux bâtiments étaient déjà en construction. En tout cas, je ne pense pas que nous prendrons le risque de retourner vérifier dans quelques années. Fab, lui, même s’il a beaucoup apprécié nos vacances entre amis, a juré ne plus jamais retourner en Thaïlande. Quant à moi, je n’exclus pas d’y retourner un jour pour un séjour entre filles: quoi de mieux, pour les vacances, qu’une belle plage et qu’une eau claire, agrémentées de massages, de confidences, d’un peu de shopping et d’une cuisine succulente?

L’art de calculer et celui de négocier

L’art de calculer
Pour voyager, il est vivement conseillé de savoir parler anglais, ou du moins d’en avoir quelques bases, mais surtout de maîtriser le calcul mental. Certaines monnaies sont plus faciles que d’autres à convertir en francs suisses, alors que d’autres vous torture l’esprit. En Chine, par exemple, c’était plutôt simple: diviser par dix, puis fois un et demi. En Thaïlande, il faut diviser par trente, donc tu as intérêt à connaître le livret trois sur le bout des doigts! Au Laos, comme il fallait diviser par un chiffre incroyable, nous avons appris la valeur de certains nombres (50’000 = 6 CHF), puis joué avec les livrets. Au Cambodge et en Birmanie, les choses se compliquent, puisqu’on jongle entre trois monnaies: la monnaie locale et le dollar, puis le franc suisse pour la conversion. Au Cambodge, les calculs sont plutôt simples, car n’importe où, un dollar vaut quatre mille riels. Ainsi, on paie les chiffres entiers en dollars et les 25, 50 ou 75 centimes en monnaie locale. Durant une négociation, les prix peuvent d’abord être annoncé en dollars, puis soudainement en riels afin de tomber sur une valeur intermédiaire. En Birmanie, par contre, les choses se compliquent, car le cours du dollar par rapport à la monnaie locale n’es pas fixe. Dans les hôtels, par exemple, contre un dollar, vous obtiendrez 800 kyats, alors qu’au marché, selon les jours, vous pourrez avoir jusqu’à 850 ou 860 kytas pour un dollar (si on vous en propose 1000, c’est qu’il y a une arnaque dans l’air). Qu’est-ce que le marché? Le marché de vêtements et de bijoux… Car ce qu’il faut savoir, c’est qu’en Birmanie, les étrangers ne peuvent retirer aucun argent: il n’y a pas de bancomat. C’est pourquoi la seule solution est d’arriver avec tout l’argent dont vous aurez besoin pour votre séjour… en dollars. Ce n’est que sur place que vous pourrez obtenir des kyats en échangeant la monnaie américaine. Mais attention, seuls les billets tout neufs sont acceptés! S’il y a une ligne au milieu car vous avez eu le malheur de les plier en deux, ils seront refusés. Ou alors, comme on nous l’explique dans un hôtel, un billet de cinquante imparfait peut-être accepté, mais ne vaut plus que vingt-cinq dollars. Ainsi, il faut se battre pour que certains billets auxquels ont ne peut franchement rien reprocher soient acceptés. D’ailleurs, plus les jours passent, plus nous redoutons le moment où aucun de nos dollars ne seront acceptés, car nous n’avons pas une marge énorme. Mais comme le disent si bien les Birmans, de toute façon, les vieux billets, il n’y a aucun problème pour les utiliser dans notre pays 😉

L’art de négocier
Comme les prix ne sont que très rarement affichés, en une journée, vous passez votre temps à demander « combien ça coûte? », ce qui est parfois épuisant. Au restaurant, par exemple, si vous ne voulez pas payer trop cher, la première règle est de toujours demander le prix avant de consommer quoi que ce soit. A quelques exceptions près, les seules fois où nous ne l’avons pas fait, les prix avaient étrangement prix l’ascenseur…

Certaines fois, lorsque l’on vous annonce un prix, vous ne pouvez vous empêcher d’éclater de rire. Une fois, par exemple, je demande le prix pour une robe que j’avais déjà achetée précédemment. Le vendeur m’annonce l’équivalent de douze francs suisses, soit le double de ce que j’avais payé! Immédiatement, je ris et descend à quatre. Finalement, je l’aurai à cinq. Je lui demande s’il en vend souvent au premier prix annoncé. Il me répond, l’air coquin, que parfois, oui… Rarement, il arrive de ne même pas débuter une négociation. Lorsqu’une vendeuse d’un site touristique démarre à cinquante dollars pour un collier, la meilleure chose est de partir en courant! Surtout lorsque vous finissez par l’obtenir pour dix fois moins quelques stands plus loin… Par contre, lorsque vous achetez un produit pour la première fois dans un pays, vous n’avez pas vraiment idée du prix juste, ce qui peut vous amener à vous énerver… pour rien. A Mandalay, Michaël (qui voyage avec Tamara, que nous avions croisés à Chengdu, en Chine et que nous retrouvons en Birmanie pour voyager ensemble), passe pratiquement dix minutes à négocier le prix d’une bière et faillit manquer le coucher de soleil, pour finalement ne gagner que quelques centimes. Le prix annoncé n’était donc pas trop élevé.

En discutant avec A&J, deux Français, nous remarquons que selon la manière de négocier, les différences peuvent être énormes. Ainsi, deux voyages dont les coûts devraient être identiques s’avèrent finalement différents. Exemples: pour un même trajet en bus, eux paient 5’000 K au lieu de 4’000, soit disant car ils réservent leurs billets un peu tard… Pour un même trajet en tuk tuk, A&J paient deux fois plus que nous, car ils le réservent depuis l’hôtel alors que nous le négocions directement dans la rue. Pour un tour en calèche affiché et annoncé à 5’000 K, nous parvenons miraculeusement à n’en payer que 3’500 K, alors qu’eux n’essaient même pas de négocier puisque le prix est affiché. Ils réussiront par contre à visiter un temple gratuitement alors que nous, nous nous faisons agresser pour payer le droit d’entrée: interdiction, même, de faire le tour du bâtiment! Et comme nous évitons un maximum de remplir les poches du gouvernement, nous refusons de payer les dix dollars et rebroussons chemin. Malheureusement, il est inévitable de passer à côté de toutes les taxes gouvernementales si l’on veut visiter les plus beaux sites de la Birmanie. De toute manière, sans être défaitistes et sans minimiser l’importance du tourisme, nous savons bien que la junte militaire qui dirige le pays ne vit pas grâce à nos dons. Du moins, je ne vois pas bien comment le général au pouvoir aurait pu offrir pour plus de cinquante millions de dollars de cadeaux de mariage à sa fille uniquement avec les bénéfices du tourisme… Selon les Moustaches Brothers, une troupe de théâtre dissidente qui joue chaque soir dans son garage de Mandalay, les femmes des hommes au pouvoir possèdent bien plus de diamants que Sophia Loren!

Bref, vous cherchez la méthode sans faille pour payer le prix juste? Fixez-vous un chiffre que vous estimez raisonnable pour les deux partis dans la tête et ne démordez pas … quitte à passer à côté de certains produits … comme cette jolie boîte éléphant que je n’ai jamais retrouvé… Car en Asie, ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que la qualité n’est jamais garantie, même si, vous ne savez pas par quelle chance ou quel hasard vous avez justement craqué sur LA paire de boucles d’oreilles en argent du stand… D’ailleurs, je suis peut-être paranoïaque, mais plus j’observe les fabriques de laques de Bagan (boîtes, bracelets ou autres objets en bambou enduits de laque), moins je crois à la réalité de cette production. Toutes les femmes qui y travaillent sont en phase finale de décoration et dès que nous tournons le dos, elles se remettent à papoter ou à faire autre chose. Et quand on voit la quantité d’objets proposée, moi je dis qu’il y a un problème…

Fasomonde, toujours actif!

Chers amis, chers lecteurs,

voilà, c’est fait, le blog reprend gentiment son rythme. Notre inactivité durant le mois de février est due à notre impossibilité d’accéder correctement à internet depuis la Birmanie. La mise à jour se fera progressivement durant les jours à venir avec plusieurs articles et beaucoup de photos. Nous nous trouvons actuellement en Thaïlande (oui, encore…) où nos amis Christine et Fabien nous ont rejoints pour un peu de vacances et de découvertes aquatiques!

Déjà sept mois écoulés et il nous reste encore tant à voir et découvrir. Au programme : Malaisie, Inde et Indonésie. Nous espérons que vous nous suivrez encore dans notre périple fasomonde!

Sophie & Fabrice

Birmanie, entre extrême beauté et tristesse

Après un peu plus de six mois de voyage, nous arrivons enfin en Birmanie ou Myanmar, ainsi renommé en 1989 par la junte au pouvoir. Ce pays, nous avons rêver d’y mettre les pieds. Les gens les plus adorables du monde, des paysages irréels tapissés de milliers de pagodes et de levers de soleil comme nul part ailleurs nous avait-on dit… Pour tout cela, on ne nous avait pas menti! Cependant, à toute cette beauté, il faut ajouter la face obscure du pays: la répression constante de tout un peuple (50 millions d’habitants), l’impossibilité d’accéder à une grande partie du territoire, les incessantes coupures d’électricité, l’absurde système monétaire, etc… Sans compter toutes les choses que l’on devine, mais que l’on ne voit pas vraiment.

Premiers pas à Yangon.
Dès notre arrivée, un constat s’impose : nous ne sommes plus vraiment en Asie du sud-est et pas encore en Inde. Nous sommes en fait à mi-chemin entre ces différentes cultures. Il y a également une pauvreté beaucoup plus visible et présente, nous sommes très souvent approchés par des mendiants ou de très jeunes enfants aux habits en lambeaux. La ville est également en piteux état! Nombre de magnifiques bâtiments de style colonial tiennent à peine debout et sont pourtant habités. Et que dire du parc automobile?!! Les amateurs de vieilles voitures ne cesseront de s’extasier devant des modèles des années 1950. Normal, impossible d’acheter une voiture neuve dans le pays! Il y a un air de retour dans le temps qui, dès nos premiers pas, nous a captivés et ne nous a pas laissés indifférents…

Yangon n’offre finalement pas beaucoup d’activités touristiques, mais deux vont réellement nous séduire. La première : un tain qui fait une boucle de plus de trois heures autour de la ville. Sorte de RER local, avec des wagons dignes d’un western, sans porte ni fenêtre et une activité humaine qui l’entoure totalement indescriptible. Et puis, bien sûr, nous visitons la pagode Shwedagon, considérée à juste titre comme la plus belle et la plus imposante du monde. Une gigantesque « cloche » flanquée de centaines de kilos d’or, visible à des kilomètres à la ronde. Une atmosphère à la fois religieuse et sereine se dégage dès que l’on pénètre sur le site qui entoure le monument. En fin de journée, les derniers rayons de soleil se reflètent dans la masse dorée, les nombreux pèlerins entrent en méditation avec l’arrivée de la nuit, la pagode s’éclaire, instants uniques, instants magiques dans notre vie de voyageurs.

Qui a éteint la lumière?
Rapidement, nous constatons un phénomène un peu particulier dans tous le pays: les Birmans ont appris à vivre avec un réseau électrique complétement obsolète. En une journée, on compte facilement cinq à dix coupures de courant! Les plus chanceux ont des génératrices qui s’enclenchent plus ou moins automatiquement. Il n’est pas rare de voir une ville complète plongée dans le noir en une seconde. D’où viennent ces coupures? De la vétusté des installations? Certes, mais on ose imaginer que la gestion du courant est également politique. Une des nombreuses et infâmes manières qu’a le gouvernement pour montrer sa toute puissance? En tout cas, nous nous autorisons à le supposer.

Argent, mode d’emploi.
La monnaie officielle à l’intérieur du pays est le Kyate, mais le US$ est largement utilisé pour payer bus, hôtels ou droits d’entrées des sites touristiques. Pour voyager en Birmanie, vous avez besoin de prendre tous l’argent dont vous aurez besoin avant votre départ. La raison est simple: aucun distributeur n’est disponible dans le pays! Nous arrivons donc avec une somme importante de US$ et nous allons vite comprendre l’absurdité totale de la gestion des devises… Pour obtenir des Kyates, il n’y a que le marché noir à disposition. Il nous faut donc trouver un vendeur de confiance (les arnaques sont fréquentes) qui vous échange des dollars américains contre des milliers de Kyates. Commence alors l’inspection de nos billets à la loupe: les coupures doivent être absolument parfaites, aucun défaut n’est toléré! Un beau billet de 100 US$ neuf vaut plus que deux billets de 50 US$, qui eux-même valent plus que 5 de 20 US$!!! Vous avez bien compris, en Birmanie, la valeur de l’argent dépend de la qualité de l’impression et du papier et non de la valeur financière! Une fois le système appréhendé, chaque paiement en US$ est une véritable bagarre pour faire accepter nos billets. Chose étrange : si les Birmans sont des « horlogers du US$ », leur monnaie locale bénéficie du traitement opposé… Les Kyates sont déchirés, scotchés, à peine lisibles, certains à la limite de la décomposition!

Un sourire inusable.
Du nord au sud, le même sourire nous accueille. Les Birmans sont chaleureux, souriants, zen! Même les rabatteurs, à quelques exceptions près, en viennent à être sympathiques! Il n’y a jamais d’agressivité dans ce pays qui transpire le bouddhisme de partout. Mais ce sourire, jamais forcé, cache parfois une réalité que nous ne parvenons pas vraiment à capter. Nous visitons l’un des pays dirigé par l’une des dictatures les plus sévères au monde et pourtant, les Birmans n’en montrent pas une bribe. A croire que leur manière de lutter contre les autorités est de garder, coûte de coûte, la tête haute.

Bagan, merveille du monde.
Après un petit séjour dans le nord et à Mandalay, nous prenons un bateau local direction Bagan. Durant près de 15 heures, nous descendons le fleuve Ayeyarwady à bord d’un navire de deux étages, sorti d’une autre époque. A son bord, beaucoup de marchandises, des locaux et quelques touristes. Chaque arrêt sur les rives donne lieu à un spectacle unique. Chargement et déchargement à un rythme effréné, vente de toute sorte de nourriture: une frénésie s’empare des gens jusqu’au coup de sirène qui sonne le départ. Un voyage envoutant qui nous laissera un souvenir indélébile.

Bagan, c’est avant tout des paysages irréels où des milliers de temples et pagodes semblent avoir poussés à l’infini, comme des champignons. Chaque édifice est différent et nous sommes surpris de la variété de Bouddhas, peintures et architectures lors de nos visites. Mais le moment le plus fort est celui du lever du soleil. Seuls au sommet de l’une des plus grandes pagodes, nous admirons cette boule rouge sortir de l’horizon. Les temples sont alors baignés dans la douce lumière de l’aube, quelques oiseaux s’envolent dans le contre-jour, la brume flotte au-dessus de la plaine et finit d’achever un tableau qu’aucun peintre ne serait en mesure d’imaginer.

La Birmanie appartient à ceux qui se lèvent tôt!
Pour ce voyage de 28 jours, nous avons été rejoints par Tamara et Mickaël, que nous avions rencontrés en Chine quatre mois plus tôt. L’idée était de louer ensemble une voiture, afin de pouvoir sortir un peu du chemin tracé à notre égard par le gouvernement. Mais vous connaissez maintenant notre amour pour les transports locaux et , finalement, trains, bus et bateaux l’ont emportés sur la location d’un véhicule personnel. Grand bien nous en a fait! Cependant, en Birmanie, pour voyager il faut aimer se lever tôt… Pour une raison qui nous échappe un peu, les transports en commun partent entre 4h30 et 6h du matin! Les trajets sont longs, les nuits courtes et il faut bien avouer que nous n’avons pas eu le loisir de se reposer durant cet intense mois. Pour ne rien arranger, la saison est chaude, très chaude même! 35°C voire plus et un taux d’humidité élevé nous empêchent souvent de voir plus loin que la prochaine bière fraîche – ou le prochain CoffeeMix… (private joke).

Ils font quoi tous ces gens?
Un phénomène bizarre peut être observé un peu partout en Birmanie : les gens font la queue par centaines et à toute heure de la journée dans la rue. Alors qu’attendent tous ces gens, sous un soleil de plomb avec leur scooter? Un concert, l’ouverture d’un bureau de Poste?! Non, ils attendent simplement de pouvoir faire le plein d’essence! Car depuis 2007, le gouvernement a aligné le prix de celui-ci sur le marché international et se garde l’exclusivité de sa distribution. Résultat, 66% d’augmentation du prix du précieux liquide et des millions de gens touchés dans leur quotidien, du jour au lendemain. Certes, si vous ne ne voulez pas faire la file, il vous reste l’option du marcher noir, mais c’est beaucoup plus cher et surtout, ce n’est pas abordable pour l’immense majorité des Birmans.

Du Lac Inle au Rocher d’Or.
Le Lac Inle, cette immense étendue d’eau est non seulement très belle, mais elle offre également l’occasion de voir de nombreuses coutumes et ethnies différentes. Lors d’une excursion en pirogue, nous avons la chance de voir des jardins flottants, des villages sur pilotis, de la distillation locale d’alcool de riz, des buffles vivants entre terre et eau et différentes manières de pêcher. Il y a aussi cette unique et très étrange façon de pagayer… La rame entourée par la jambe et tenue à l’extrémité avec la main, les pêcheurs avancent debout sur leur barque, en équilibre, dans un mouvement qui s’assimile presque à une danse.

Notre périple se poursuit au Rocher d’Or qui nous permet de pénétrer au cœur du bouddhisme. Les touristes y sont rares, surtout parce que le lieu n’est pas facile d’accès et les infrastructures d’accueil quasiment inexistantes. Le Rocher se mérite… Près de 24 heures de trajets, non-stop, nous sont nécessaire pour rallier celui-ci depuis le Lac Inle. Nous arrivons au bout de notre long périple sur la montagne où est situé ce Rocher couvert et peint de métal doré. Haut lieu du bouddhisme, de nombreux pèlerins s’y pressent et y montent soit à pieds, soit par camion – soixante personnes entassés dans la benne arrière des véhicules, à une vitesse folle et sur une route escarpée. Le Silver Star d’Europapark n’a qu’à bien se tenir 😉

Notre dernière étape nous amène à Malawyne, ville décrite comme la quintessence des villes tropicales. Effectivement, l’atmosphère y est presque irrespirable à cause de la chaleur et de l’humidité. Quelques vieux bâtiments de style colonial, beaucoup de palmiers, le plus grand Bouddha couché du monde (l’œil fait 7 mètres de haut et le corps plus de 200 mètres de long) et d’innombrables bus en bois Chevrolet, certainement âgé de plus de 50 ans, composent le tableau de cette citée. Nous profitons de cette ambiance pour nous reposer et nous détendre un peu avant de reprendre l’avion direction la Thaïlande.

Gardons espoir!
Ce voyage en Birmanie a été à la fois magique et emprunt de questions, tant il nous a été difficile de nous rendre compte de la réalité des choses. Et c’est peut-être ça le pire, un peuple résigné, qui vit dans la peur d’un gouvernement – qui se soucie plus de ses avantages et de son image – que de la misère de ses citoyens. On se demande aujourd’hui quel avenir peuvent entrevoir les Birmans?! Ce pays qui vit en quasi autarcie et à un autre temps peut-il vraiment sortir de cette tragédie? A l’heure du réveil et des révolutions pour la démocratie des peuples arabes, on ne peut que souhaiter la même détermination aux Birmans. Mais les choses ne sont pas si simple, l’armée est puissante et le régime bien en place. Peut-être que la communauté internationale devra un jour avoir le courage de tendre la main à la Birmanie et l’aider à faire sa révolution… Après tout, ne rien faire ne consiste-t-il pas à fermer les yeux sur la situation de 50 millions de gens et de remettre tous les espoirs de leur liberté sur les seules épaules de Aug San Suki?!

Émouvant Cambodge

1$ pour le tampon qui atteste notre sortie du Laos. Du côté cambodgien, 1$ pour une visite médicale expresse: prise de température, cinq secondes chrono. Fab a 36° de température, moi 37,1°. Tout est en ordre nous dit le « docteur » dans un français sans faute. Merci, nous voilà rassurés! Restons calmes, restons calmes… 23$ pour le visa, là, d’accord, on paie volontiers. Oups, n’oublions pas le dernier dollar pour… Ben franchement, on ne sait pas trop! Mais nous nous y attendions, chacun subit le même régime. Et ceux qui refusent de jouer le jeu des douaniers peuvent se retrouver dans des situations peu agréables…

A peine entrés au Cambodge, nous savons que notre séjour y sera trop court. Immédiatement, nous nous y sentons bien. Les gens sont très accueillants et nous viennent volontiers en aide. Malheureusement, nous n’avons que dix jours et faisons donc des choix plutôt classiques quant à nos visites. Sur la route qui nous mène à Phnom Penh, nous retrouvons les mêmes images que celles découvertes dans les campagnes laotiennes. Tout est très sec et la terre rouge se dépose partout. Phnom Penh, elle, ressemble bien à une capitale. Même si les locaux font encore leurs courses sur les marchés typiques qui sont toujours bondés, la ville compte quelques supermarchés. Nous sommes d’ailleurs contents d’y trouver quelques produits auxquels nous n’avons pratiquement pas goûté depuis notre départ. En plus d’un peu de confiture Bonne Maman qui n’a rien à voir avec l’unique gelée si chimique qui est servie partout… et d’un morceau de fromage, nous craquons pour un paquet de biscuits Kambly. C’est plutôt étrange, mais les rayons sont pleins de produits suisses: chocolat, biscuits, bonbons, muesli et même brosses à dents.

Si Phnom Penh est aujourd’hui une ville qui semble plutôt paisible, le calme n’y a pas toujours régné. Le 17 avril 1975, prise par les révolutionnaires khmers rouges, son aspect va totalement changer. De même que les autres grandes villes du pays qui sont vues comme des lieux d’inégalités et de perversions, en quelques jours, la capitale est entièrement vidée de ses habitants. Sous prétexte que les Américains vont bombarder la ville, tous reçoivent l’ordre d’évacuer vers les campagnes. Certains chargent leur voiture, leur moto ou leur vélo de quelques affaires utiles pour un voyage qui n’est censé durer que trois jours. Les plus pauvres n’ont que leurs jambes pour les porter. Certains malades sont même transportés sur leur lit d’hôpital. A cause des embouteillages, les déplacés ne parcourent que quelques kilomètres par jour. A la nuit tombée, ils s’installent au bord des routes, mangent le peu qu’ils ont sous la main et s’endorment comme ils le peuvent. Après quelques jours de marche, les familles sont recensées puis placées dans un village. Lors du recensement, ceux qui occupaient une place dans l’armée ou qui étaient fonctionnaires sous l’ancien régime tentent souvent de le dissimuler, de peur des représailles. Les Khmers rouges fouillent tout le monde. L’argent et les richesses sont confisqués. De toute manière, la monnaie n’est plus utile, puisqu’elle est tout bonnement supprimée. Quelques personnes parviennent tout de même à dissimuler certains biens précieux, des bijoux par exemple, qui leur seront utiles par la suite pour obtenir quelques rations de riz supplémentaires au marché noir. Car durant tout le temps où les Khmers rouges seront au pouvoir, le peuple aura faim. Les repas, pris en commun, sont souvent constitués d’une soupe de riz plutôt claire, parfois avec un peu de poisson. Chaque jour, mal nourris et forcés au travail agricole, des hommes, des femmes et des enfants meurent. D’autres, désignés comme des opposants au régime pour diverses raisons, disparaissent ou sont tout bonnement supprimés. En trois ans et huit mois sous ce régime, près de deux millions de Cambodgiens périront, soit environ 20% de la population. Certains, en prenant des risques énormes, tentent de s’enfuir. Parmi ceux qui y sont parvenus, quelques uns laissent des récits qui vous prennent aux tripes. Loung Ung, avec son D’abord ils ont tué mon père, ou Pin Yathay, avec Tu vivras mon fils témoignent de manière poignante. Leurs écrits nous accompagnent durant tout notre voyage au Cambodge. A Phnom Penh, d’abord, ils nous aident à mieux comprendre notre visite de Tuol Sleng, un ancien lycée transformé en le plus grand centre de détention et de torture par les forces de sécurité de Pol Pot, le leader du régime. Lorsque nous empruntons un petit train en bambou qui nous mène dans la campagne près de Battambang, je me demande comment était la région lors du régime Khmers rouges. Aujourd’hui plus attraction touristique que véritable moyen de transport pour les locaux, ils avancent grâce à un petit moteur. Autrefois, les conducteurs devaient utiliser de longues perches de bambou pour les actionner. Comme il n’y a qu’une seule voie, lorsqu’un autre véhicule vient en sens inverse, le « wagon » est entièrement démonté, transporté quelques mètres plus loin et remonté. Impressionnant! Lors de notre journée en bateau pour relier Siem Rep depuis Battambang, je me demande comment un pays d’une si belle beauté a pu connaître des heures si sombres. Voir des villages flottants était un de nos plus grands rêve qui est maintenant réalisé. Tout se passe sur le cours d’eau: les gens y habitent, y pêchent, y font la lessive ou s’y lavent, et font même… pipi sur les poissons! A l’heure de la sortie des classes, les jeunes n’enfourchent donc ni bicyclette ni scooter, mais reprennent leur barque pour rejoindre leur maison flottante.

Même si les procès des principaux dirigeants du régime Khmers rouges se sont ouverts il y a quelques années et qu’ils pourront peut-être aider les parties civiles à tourner la page, les événements ne seront jamais oubliés. Mais ce qui nous passe par la tête, c’est de penser que même si on dit « plus jamais ça » lorsque des horreurs humaines de ce type sont découvertes, d’autres massacres ont lieu.

Vous prendrez bien un petit café?

Au Laos, il y a plein de spécialités culinaires… L’indispensable « sticky rice » (riz collant), la salade de papaye, parfois tellement forte, que même les amateurs de plats épicés ont du mal à manger, mais aussi du bon café! Du très bon même! Sur le plateau des Bolovens, situé entre 1000 et 1300 mètres d’altitude à l’est de Pakse, il y a tout pour y faire pousser un arabica de qualité. L’altitude, le sol riche en roches volcaniques et le soleil étant présents, il ne manque plus qu’un passionné pour vous introduire à l’art du café!

En une petite visite de deux heures, nous découvrons un monde aussi complexe et passionnant que celui du vin. Notre guide, un Hollandais installé au Laos depuis trois ans, connaît son sujet sur le bout des doigts. De la culture à la torréfaction, en passant par la récolte, la nurserie, le développement de l’exploitation, l’impacte écologique et social et la qualité de l’arabica, rien ne sera oublié. On apprend ainsi, entre autre, qu’un caféier adulte, c’est à dire âgé de quatre ans, ne produit au final que 750 grammes de café prêt à être consommé! Autant dire que pour être rentable, il faut avoir de grandes surfaces cultivables. La culture du café, ici, se fait d’une manière respectueuse de l’environnement, mais ce n’est pas le cas dans toutes les exploitations. Plus important encore, une exploitation comme celle que nous avons visitée, permet de faire vivre toute une famille (frères, sœurs, cousins, etc…) ce qui représente, dans ce cas précis, plus de 140 personnes!

Après la visite, nous voyons comment se passe la torréfaction des grains (ici la torréfaction n’est pas faite par des machines, mais à la main). Nous finissons notre initiation par une bonne tasse de café bien chaud est fraîchement torréfié. Un pur régal!

Alors, vous prendrez bien un petit café?!

Ad, SHE dans une compagnie de transport – Laos

Ad - portrait.

SHE, pour Safety, Health and Environement manager, c’est le poste qu’occupe Ad depuis deux ans. Un bon emploi avec un bon salaire, rien à voir avec la misère que certains Laotiens connaissent. D’ailleurs, elle a conscience de la chance qu’elle a. Son emploi requiert des compétences qu’elle n’était pas sûre d’avoir, mais son chef lui a fait confiance. C’est un métier qui lui demande beaucoup d’énergie, mais qui lui permet d’acquérir beaucoup d’expérience. Quant à savoir si elle fera ça toute sa vie, aucune idée… A 32 ans, elle n’exclut même pas la possibilité de reprendre des études!

Chose plutôt courante au Laos, mais bizarre pour les occidentaux que nous sommes, elle a pu choisir , lors de la signature de son contrat, dans quelle monnaie on lui verse son salaire! Résultat, Ad n’est pas payée dans la monnaie du pays (kip) mais en dollars américains. Avec le cours du dollars qui baisse, elle se dit aujourd’hui qu’elle aurait mieux fait de choisir des kips, voire des baths thaïlandaise. Ses horaire des travail : 48 heures par semaine, 6 jours sur 7 avec une heure de pause à midi. Ses jours de congés : 15 jours de vacances, 30 jours de maladie admis et 6 jours pour des problèmes personnels (décès dans la famille par exemple). Elle aimerait beaucoup entreprendre un long voyage à l’étranger, mais tenant compte de son contrat de travail, c’est quelque peu compliqué.

Quant à son argent, Ad le gère au mieux! Elle dit mettre plus de 60% de son salaire de côté chaque mois! Ce qu’elle fera de cet argent, elle n’en sait rien, mais elle est plutôt entreprenante et a toujours de nouveaux projets derrière la tête.

Elle détient d’ailleurs, en partenariat, un salon de massage qui emploie une dizaine de filles. C’est certainement pour elle une manière de rayonner sur les jeunes Laotiennes. A ce propos, quand on lui demande si elle a un message à faire passer à travers cet interview, elle nous dit sans hésiter sa préoccupation pour les femmes de son pays : « Si les femmes avaient un meilleur accès à l’éducation, elles pourraient plus facilement faire de bonnes études. Aujourd’hui, beaucoup de filles sont tentées de faire de la prostitution pour gagner plus d’argent ».

Quand on la questionne sur le Laos, les choses se compliquent un peu… Elle se dit fière de son pays et de la gentillesse de ses compatriotes. Concernant le gouvernement, elle ne souhaite pas trop en parler, en tout cas pas trop sérieusement. Elle reconnaît cependant que le fait d’avoir un seul parti et une seule ligne gouvernementale permet aujourd’hui un développement économique rapide. Les touristes sont de plus en plus nombreux et, plus important, les investisseurs étrangers hésitent de moins en moins à s’installer au Laos. En revanche, ce qui la préoccupe, ce sont les dommages causés à l’environnement, du fait de ce développement extrêmement rapide et peu réglementé. Il est vrai que les gros producteurs d’huile de palmes ou planteurs d’hévéas (arbres dont on extrait le caoutchouc), font d’importants dommages aux espaces forestiers.

Elle ne vous le dira qu’a demi-mot, mais Ad représente au mieux son pays aujourd’hui. Son enthousiasme et sa volonté d’aller de l’avant notamment représentent très bien le dynamise de toute la nation. Le Laos connait une croissance ultra rapide et les jeunes adultes comme Ad, en sont le moteur.

Le Laos rien que pour les yeux

Pour ceux qui préfèrent les photos aux textes, ouvrez grands vos yeux, car nous avons décidé de vous montrer le Laos plutôt que de vous le conter.

De Muang Noi (nord de Luang Prabang) aux 4’000 îles (tout au sud), nous avons découverts de magnifiques paysages, rencontré des personnes de toute gentillesse et donc vécus des moments magiques. Pour nous déplacer,  nous avons emprunter bus ou voie fluviale et même conduit notre propre moto, ce qui nous a procurer un sentiment d’extrême liberté. Voilà, nous n’en dirons pas plus, vous n’avez qu’à regarder 😉

Café Anakot, Savannakhet – Laos

Au Laos, nous avions une mission: nous arrêter à Savannakhet afin de rendre visite à Hiro, une amie d’Obasan et Pierre avec qui nous avons voyagé au Tibet. Nous l’avons aujourd’hui pleinement remplie puisque cela fait déjà quelques jours que nous avons déposé notre sac à dos dans cette ville au bord du Mékong.

Un café plein d’amitié
Pour rencontrer Hiro, une Japonaise de 34 ans, rien de plus facile. Il suffit de nous rendre à son café, le Café Anakot (Futur en laotien). Arrivée au Laos il y a environ trois ans pour travailler avec une ONG (Organisation Non Gouvernementale), elle aime beaucoup ce pays, même si elle est pratiquement sûre d’en repartir un jour. Aujourd’hui, elle y gère donc un café qu’elle a ouvert en novembre 2009 avec l’aide de ses amis. Il y a Ad, d’abord, une amie laotienne qui lui propose de louer un espace pour elle. Alors que le premier étage leur sert d’appartement, le rez-de-chaussée est aménagé en un charmant petit café très bien décoré. Il y un ami des Pays-Bas qui a réalisé le logo. Bien sûr, il y a Pierre et Obasan qui l’ont rejointe depuis la France et le Japon pour préparer l’ouverture et qui l’ont même aidée à financer son projet. Aujourd’hui, pratiquement chaque soir, plusieurs amis viennent grignoter une morse ou boire un verre, ce qui rend le lieu spécialement convivial.

Une cuisine succulente
Au Japon, ouvrir un restaurant coûte extrêmement cher. Au Laos, Hiro a pu réaliser son souhait plutôt facilement. Les autorités viennent seulement jeter un coup d’oeil au lieu une fois le café ouvert, afin de fixer une taxe annuelle d’exploitation qui, soit dit en passant, est insignifiante. Une fois le lieu aménagé, il ne reste plus qu’à concocter un menu. Elle l’imagine d’abord entièrement végétarien, mais ses amis lui font remarquer que ce serait plutôt risqué. Elle propose donc une cuisine très variée, avec ou sans viande, thaï, japonaise ou occidentale. Son secret: elle n’utilise que des produits d’excellente qualité dont beaucoup de légumes frais.

De jeunes employés très appliqués
Pour Hiro, employer des Laotiens a toujours été une évidence. C’est sa manière à elle d’aider les gens d’ici. Elle engage toujours des étudiants, car ils se montrent très intéressés et s’appliquent dans leur travail. Bien sûr, il faut les former. Ce n’est qu’après quelque deux mois qu’ils sont parfaitement autonomes. Avec moi qui l’aide un peu en cuisine car elle manque de personnel la journée, elle me dit que c’est vraiment facile, car je connais des éléments de base dont les jeunes Laotiens n’ont aucune idée. Ils n’ont jamais utilisé de cuisinière au gaz ou de micro-ondes et ne mangent jamais des spaghettis, des sushis ou du gâteau au chocolat à la maison… Ils apprennent donc à cuisiner des mets qu’ils ne mangent pas habituellement et qui, la plupart du temps, ne sont pas à leur goût. Ils savent cependant quel goût ils doivent avoir pour qu’ils soient bons.

Hiro est heureuse de pouvoir leur offrir de bonnes conditions de travail. Même s’ils pourraient avoir un salaire plus élevé en servant des bières (environ un tiers en plus), elle leur offre tout de même un bon salaire. Et ici, ils n’ont pas à se vêtir de costumes moulants pour exercer leur travail, ni à fréquenter des hommes. Comme ils étudient la journée, ils ne travaillent que de 17h à 21h, six jours par semaine, ce qui leur rapporte environ 500’000 à 600’000 kips par mois (l’équivalent de 60 à 70 CHF). De plus, ils se partagent les pourboires (40’000 à 50’000 par mois, soit environ 5 à 6 CHF), peuvent manger sur place et reçoivent de l’essence s’ils utilisent leur scooter personnel pour aller faire des courses. Les jeunes, eux, se montrent ravis de leur place de travail qu’ils trouvent plutôt facile. Mi, un jeune homme de dix-huit ans, nous dit cependant avoir parfois quelques problèmes avec ses parents qui souhaiteraient qu’il aide plus à la maison. Comme à peine rentrer de l’école il part travailler, il n’aide pas franchement à faire le ménage ou préparer le riz et comme il est enfant unique, personne d’autre n’est là pour le faire. Si leur salaire est important car ils l’utilisent pour acheter des livres pour l’école, pour s’offrir quelques vêtements ou des appareils électroniques et parfois pour aider un peu leurs parents, ils l’apprécient avant tout car il leur permet de côtoyer beaucoup d’étrangers et de pratiquer ainsi leur anglais. Mi a notamment remporté le concours d’anglais de son école l’an dernier. C’est d’ailleurs suite à cela qu’Hiro l’engage, elle qui faisait partie du jury.

Et après?
Un peu plus d’une année après l’ouverture, Hiro n’a pas vraiment le temps de penser à ce qu’elle aimerait éventuellement changer au café. Elle agrandit le menu au fur-et-à-mesure des suggestions de ses amis. Son café fait bonne impression puisqu’il figure dans un guide allemand, ainsi que dans le nouveau Lonely Planet. Elle est très contente que son adresse y soit citée, même si elle n’aime pas le commentaire qui est fait de son petit restaurant qui est comparé à une grande enseigne de Vientiane… Elle ne sait pas combien de temps elle continuera cette activité, mais elle n’a de toute manière pas d’engagement à longue durée envers son personnel puisque tous sont des étudiants qui la quitteront bientôt pour se lancer dans la vie professionnelle ou pour poursuivre leurs études.
Mi, lui, aimerait beaucoup étudier à l’université. Vers 28 ans, ils souhaiterait se marier et avoir un garçon et une fille. Mais avant cela, il devrait trouver un bon travail afin de leur offrir une bonne éducation. S’il le peut, il apprécierait beaucoup de se rendre à Luang Prabang (au Laos, plus au nord), à Bangkok et même peut-être aux Etats-Unis. Il y a deux mois, il a eu la chance, avec son école, de visiter Vientiane (à 300 km au nord). En y arrivant, il avait le coeur qui battait fortement, car c’est la capitale de son pays.
Pim, elle, a vingt-et-un ans. Elle s’est déjà rendue à Vienatiane et aimerait voyager partout, mais son premier choix se porterait sur Luang Prabang. Plus tard, elle aimerait un bon travail, un bon mari et économiser de l’argent pour s’acheter une nouvelle maison.
Noi, finalement, dix-huit ans, qui a déjà visité Vientiane et Pakse (plus au sud), aimerait aussi beaucoup aller à Luang Prabang et si elle le peut, au Japon, en Corée et aux Etats-Unis. Dans quelques années, elle se verrait bien mariée et policière.

A tous, nous leur souhaitons beaucoup de chance pour leur avenir!

Et bien sûr, si vous passez à Savannakhet, n’hésitez pas à passer quelques heures au Café Anakot. De notre part, vous saluerez Hiro, Ad et les autres. Et pour nous, vous dégusterez un curry, des croquettes de pommes de terre ou un moelleux gâteau au chocolat 😉

Découvrez également le site internet du Café Anakot, ainsi qu’une vidéo de présentation réalisée par Pierre.