Au Népal, nous reviendrons!

Une vie citadine
A Katmandou, nous avons un peu nos habitudes, maintenant. Suku, notre ami népalais nous héberge à chacun de nos passages dans la capitale et cuisine même pour nous. Cette fois, c’est d’excellents momos (raviolis cuits à la vapeur) au buffalo accompagnés d’une délicieuses sauce tomate qu’il nous confectionne. Les vendeurs des petites épiceries alentours nous connaissent et aiment souvent discuter un peu avec nous. Ceux des magasins de sport de Thamel, le quartier touristique de la ville, nous ont d’ailleurs aussi repérés. Il faut dire qu’après tout ce que nous avions dû acheter pour notre trek dans les Annapurnas, ce n’est pas étonnant. Quant aux marchands de souvenirs, nous en choisissons un chez qui nous faisons pratiquement toutes nos emplettes. L’on y retrouve un peu l’impression du shopping à l’occidentale, puisque les prix sont affichés. Bon, au moment de payer, nous n’oublions tout de même pas de demander un petit discount – 10 à 15 % – immédiatement accordé. Il faut dire que ce n’est pas tous les jours qu’un éléphant de cinq kilos est acheté! Pour les restaurants aussi, nous avons nos préférences. La Dolce Vita, par exemple, vous sert des pâtes au pesto frais aussi bonnes qu’en Italie et, chose importante pour nous, offre un bon réseau wi-fi. C’est d’ailleurs à cause de cela que nous devons nous rendre aussi souvent dans le quartier de Thamel un peu trop touristique à notre goût.

Les sites culturels, dont beaucoup sont au Patrimoine Mondial de l’UNESCO, nous offrent de beaux moments de découvertes. A Durbare Square, l’endroit où les rois étaient couronnés et d’où ils gouvernaient, nous nous promenons dans une architecture encore jamais rencontrée jusque là. Aujourd’hui, si la grève nous le permet… nous profiterons de notre dernier jour pour passer un moment ombragé au Jardin des Rêves, puis des instants plus spirituels à Pashupinath et à Bodhnath. Alors que le premier est un haut lieu de l’hindouisme, le second est, lui, un des hauts lieux de la culture bouddhique tibétaine. Comme en Malaisie, ce qui est impressionnant au Népal, c’est la mixité!

L’attrait des montagnes
A Katmandou, nous passons donc de bons moments, mais lors de notre deuxième séjour, nous sentons rapidement le besoin de repartir dans les montagnes. Il faut dire que la chaleur et la pollution nous écrasent. Cette fois, nous n’avons qu’une dizaine de jours devant nous. Notre choix se porte rapidement sur la région du Langtang. Nous savons que le voyage en bus pour y arriver est chaotique, mais comme nous aimons les voyages en bus, cela ne nous arrête pas. Le trajet aller se passe sans encombre. Même ballotée dans tous les sens, je dors durant de longs moments. A midi, nous nous arrêtons pour le fameux Dal Bat dans une de ces cantines où les tenanciers sont, comme de coutume, si efficaces qu’il est possible de manger un plat chaud à volonté en quinze minutes (et pour 1 ϵuro chacun). Cela nous manquera! Tous les passagers du bus ne vivent pas la route aussi bien que nous… Juste après la pause de midi, dans un petit village, cinq enfants montent dans le véhicule. Après seulement quelques minutes, voyant qu’ils pâlissent, l’assistant du bus leur distribue de petits sachets en plastique. Oh la bonne idée: ils ne tardent pas à les remplir! Agenouillés sur le sol (comme d’habitude, il y a au moins trois fois plus de passagers que de sièges, donc certains se tiennent debout dans le couloir, s’asseyent sur les sacs de marchandises ou montent sur le toit), ils font vraiment pitié à voir. L’un deux, celui qui est juste à côté de nous, a particulièrement mauvaise mine. Il pleure, ne cesse de remplir des petits sacs plastiques et est donc tout sale. C’est l’occasion d’utiliser les petites lingettes rafraîchissantes que l’on transporte… Heureusement, après une heure de voyage, le calvaire se termine pour eux – ils sont arrivés à destination. Pour nous, le voyage aura duré un peu plus de neuf heures pour … roulement de tambours … 130 kilomètres!

Le trajet retour, lui, nous offre tout ce qu’un voyage en bus en Asie peut promettre. Comme d’habitude, le bus s’arrête à chaque fois que quelqu’un souhaite monter ou descendre. Le bus semble ne jamais manquer de place. Comme d’habitude, un dieu protège le véhicule et ses passagers. Pas besoin de freiner à la descente ou d’anticiper dans les contours donc. A tout cela, on y est maintenant habitués. Mais pour notre dernier voyage en bus, on ajoute un peu d’aventure. Après même pas deux heures de route, l’autobus ne parvient pas à passer une montée pourtant pas si raide. C’est que la pluie a fait bouger le terrain qui est devenu trop malléable. Après deux essais, des gens commencent à sortir du bus. Une corde est accrochée à l’avant du bus et les hommes commencent à tirer. Echec. On commence alors à poser des pierres et du gravier là où ça coince. Echec. Heureusement, personne ne vient en sens inverse. Un autre bus arrive derrière nous par contre. Une heure et demi après notre arrêt forcé, nous voyons enfin une solution radicale arriver: une pelleteuse. Mais, que se passe-t-il? Pourquoi arrête-t-il son moteur? Je suppose que des négociations ont dû commencer… Fab se renseigne et confirme mon hypothèse: le conducteur de l’engin demande 2’000 roupies (20 ϵuros) par bus pour les remorquer. Le chauffeur du bus refuse de payer: « Ton travail, c’est de construire et d’entretenir la route, alors fais-le! ». Trente minutes plus tard, nous sommes à nouveau en piste. Ouf, nous ne seront pas obligés de marcher deux jours pour aller prendre notre avion 😉

♪♪♪ Un km à pieds, ça use heu, ça use heu, un km à pieds, ça use heu les souliers ♪♪♪
Cette fois, nos chaussures sont vraiment foutues! Les miennes ont des trous sur le dessus et celles de Fab pratiquement plus de semelle (heureusement, on trouve de la super glue partout). Nous avons bien mal aux jambes – et même aux bras (les bâtons aident vraiment dans les montées). J’ai un peu souffert du mal des montagnes (maux de têtes et de ventre). Nous avons eu très froid et très chaud. MAIS, durant huit jours, nous nous sommes sentis si bien! Très rapidement, nous retrouvons notre rythme de trekking: lever vers 6h30, petit déjeuner, puis départ vers 8h. Trois ou quatre heures de marche le matin, une bonne soupe et des chapatis pour le lunch, puis à nouveau deux ou trois heures de marche l’après-midi: le pur bonheur. L’entraînement acquis aux Annapurnas nous profite. Alors, après deux jours (au lieu des trois conseillés), nous atteignons déjà Kyanjin Gompa (3800 m). Malheureusement, les nuages sont de la partie et nous n’avons aucune vue sur les montagnes alentours. Par moment, nous ne voyons même pas les maisons d’en face. Un jour de repos forcé s’impose donc à nous. Le lendemain matin, par contre, la chance nous sourit: le temps est clair et le panorama grandiose. Pour mieux l’admirer, nous montons au sommet du Kyanjin Ri (4700 m). Wouah!!

Alors que nous avions pensé retourner à Syarubesi (1470 m) – notre point de départ – pour reprendre le bus du retour, nous changeons quelque peu notre plan puisque la marche dans la vallée du Langtang s’est avérée plus facile que prévue. Nous choisissons de partir en direction du lac de Gosaikund. Excellente décision: nous traversons de jolis villages, de magnifiques cultures et atteignons finalement Laurebina Yak (3900 m) d’où la vue embrasse les sommets du Langtang, du Ganesh Himal, du Manasulu et de l’Annapurna! Wouah!! De là, il n’y a plus qu’à descendre (plus qu’à… ha ha ha…) jusqu’à Dunche (1950 m) où nous pouvons reprendre un bus pour Katmandou.

Comme lors du trek des Annapurnas, en plus des paysages, notre marche est enrichie par des rencontres. Il y a celles avec les autres marcheurs, toujours sympathiques, et celles avec les locaux. Notre rencontre avec deux femmes nous a particulièrement marqués. L’une tient un petit restaurant juste avant le village de Langtang. Lors de notre marche vers Kyanjin Gompa, elle nous fait promettre de nous arrêter chez elle, sur la route du retour, pour déguster un yak yoghurt, ce que nous faisons. Elle nous cuisine la meilleure sherpa stew soup (pommes de terres, carottes, chou et morceaux de pâtes de chapatis) que nous ayons dégustées et me montre comment faire les chapatis. La seconde, sa nièce, arrive de Katmandou pour passer des vacances dans son village d’origine. Il y a dix ans, vous auriez pu l’apercevoir dans le tea shop dont elle s’occupait seule. Aujourd’hui, âgée de vingt ans, elle a tout d’une citadine et préfère le style occidental: jeans, t-shirt et baskets. Elle ne revêt l’habit traditionnel que lors des festivals. Ongles longs et cheveux soyeux, elle est très soignée et a beaucoup de charme. Sa tante trouve cependant que ses cheveux sont trop courts. La coutume est de ne pas les couper. Son anglais est parfait, ce qui nous permet de partager une discussion des plus intéressantes. Par bribes, elle nous raconte sa vie. Lorsqu’elle avait dix ans, des trekkeurs étrangers lui proposent de la sponsoriser pour aller étudier à Katmandou. Grâce à eux, elle s’instruit durant quelques années, et entraîne même ses frères et soeurs (ils sont sept en tout) dans l’aventure. Aujourd’hui, elle ne va plus à l’école, mais s’occupe justement d’eux à Katmandou – leurs parents sont restés à la montagne. Elle prépare notamment leurs repas. Elle a donc demandé à ses « sponsors », comme elle les appelle, d’aider sa petite soeur, qui se débrouille plutôt bien. Accompagnée de son plus grand frère, elle espère bientôt pouvoir partir pour un séjour en Italie où elle pourra peut-être étudier l’architecture d’intérieur. Elle projette ensuite de revenir à Katmandou où elle pourra décorer l’appartement de riches Népalais. Il y en a de plus en plus.

Ce n’est qu’un au revoir
Oh oui, c’est sûr, au Népal, nous reviendrons. Avec de la famille ou des amis, nous reviendrons. Avec des idées de trekkings, nous reviendrons. Avec de beaux souvenirs dans la tête et le coeur, nous reviendrons!

4 réponses sur “Au Népal, nous reviendrons!”

  1. Hi from your American friends! We checked your site after we arrived in Kathmandu, wondering how a bus could make it through the slide area. Now we know! Our driver was able to maneuver the 4-wheel drive over the rocks, but it wasn’t easy, and it didn’t seem that, with the rain, a bus was going to make it. Now I can see how you did it! What adventures! I’m happy to see that you’re safe and onto more adventures. Best luck to you!

  2. Est-ce que les « copains trekkeurs » ont osé vous approcher ? En tout cas ils n’ont pas l’air d’être dérangés par votre passage et plutôt content de poser sur la photo! C’est splendide! Je me réjouis des photos de la Turquie!
    Bon, faut aller bosser, ouf c’est vendredi!
    A bientôt

  3. Toujours aussi beau et émouvant.
    Le Népal d’altitude ne semble pas trop avoir changé.
    Grosse envie d’y retourner en début de retraite !
    Le Laddak vous aurait plus…
    Bonne suite en Turquie !
    Avec la forme que vous tenez, je propose un 4000 m à votre retour !
    Breithorn avec nuit sous tente au Petit Cervin.

    Meilleures pensées !

    Dad Edouard

  4. Excellent vous avez fait un magnifique choix pour le trek du Langtang. on avait fait le Tsirko Ri trop beau. Prochaine destination je vous conseille les Andes.

    je me rejouis de partager un Dal Bal a votre retour
    bonne suite

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