Café Anakot, Savannakhet – Laos

Au Laos, nous avions une mission: nous arrêter à Savannakhet afin de rendre visite à Hiro, une amie d’Obasan et Pierre avec qui nous avons voyagé au Tibet. Nous l’avons aujourd’hui pleinement remplie puisque cela fait déjà quelques jours que nous avons déposé notre sac à dos dans cette ville au bord du Mékong.

Un café plein d’amitié
Pour rencontrer Hiro, une Japonaise de 34 ans, rien de plus facile. Il suffit de nous rendre à son café, le Café Anakot (Futur en laotien). Arrivée au Laos il y a environ trois ans pour travailler avec une ONG (Organisation Non Gouvernementale), elle aime beaucoup ce pays, même si elle est pratiquement sûre d’en repartir un jour. Aujourd’hui, elle y gère donc un café qu’elle a ouvert en novembre 2009 avec l’aide de ses amis. Il y a Ad, d’abord, une amie laotienne qui lui propose de louer un espace pour elle. Alors que le premier étage leur sert d’appartement, le rez-de-chaussée est aménagé en un charmant petit café très bien décoré. Il y un ami des Pays-Bas qui a réalisé le logo. Bien sûr, il y a Pierre et Obasan qui l’ont rejointe depuis la France et le Japon pour préparer l’ouverture et qui l’ont même aidée à financer son projet. Aujourd’hui, pratiquement chaque soir, plusieurs amis viennent grignoter une morse ou boire un verre, ce qui rend le lieu spécialement convivial.

Une cuisine succulente
Au Japon, ouvrir un restaurant coûte extrêmement cher. Au Laos, Hiro a pu réaliser son souhait plutôt facilement. Les autorités viennent seulement jeter un coup d’oeil au lieu une fois le café ouvert, afin de fixer une taxe annuelle d’exploitation qui, soit dit en passant, est insignifiante. Une fois le lieu aménagé, il ne reste plus qu’à concocter un menu. Elle l’imagine d’abord entièrement végétarien, mais ses amis lui font remarquer que ce serait plutôt risqué. Elle propose donc une cuisine très variée, avec ou sans viande, thaï, japonaise ou occidentale. Son secret: elle n’utilise que des produits d’excellente qualité dont beaucoup de légumes frais.

De jeunes employés très appliqués
Pour Hiro, employer des Laotiens a toujours été une évidence. C’est sa manière à elle d’aider les gens d’ici. Elle engage toujours des étudiants, car ils se montrent très intéressés et s’appliquent dans leur travail. Bien sûr, il faut les former. Ce n’est qu’après quelque deux mois qu’ils sont parfaitement autonomes. Avec moi qui l’aide un peu en cuisine car elle manque de personnel la journée, elle me dit que c’est vraiment facile, car je connais des éléments de base dont les jeunes Laotiens n’ont aucune idée. Ils n’ont jamais utilisé de cuisinière au gaz ou de micro-ondes et ne mangent jamais des spaghettis, des sushis ou du gâteau au chocolat à la maison… Ils apprennent donc à cuisiner des mets qu’ils ne mangent pas habituellement et qui, la plupart du temps, ne sont pas à leur goût. Ils savent cependant quel goût ils doivent avoir pour qu’ils soient bons.

Hiro est heureuse de pouvoir leur offrir de bonnes conditions de travail. Même s’ils pourraient avoir un salaire plus élevé en servant des bières (environ un tiers en plus), elle leur offre tout de même un bon salaire. Et ici, ils n’ont pas à se vêtir de costumes moulants pour exercer leur travail, ni à fréquenter des hommes. Comme ils étudient la journée, ils ne travaillent que de 17h à 21h, six jours par semaine, ce qui leur rapporte environ 500’000 à 600’000 kips par mois (l’équivalent de 60 à 70 CHF). De plus, ils se partagent les pourboires (40’000 à 50’000 par mois, soit environ 5 à 6 CHF), peuvent manger sur place et reçoivent de l’essence s’ils utilisent leur scooter personnel pour aller faire des courses. Les jeunes, eux, se montrent ravis de leur place de travail qu’ils trouvent plutôt facile. Mi, un jeune homme de dix-huit ans, nous dit cependant avoir parfois quelques problèmes avec ses parents qui souhaiteraient qu’il aide plus à la maison. Comme à peine rentrer de l’école il part travailler, il n’aide pas franchement à faire le ménage ou préparer le riz et comme il est enfant unique, personne d’autre n’est là pour le faire. Si leur salaire est important car ils l’utilisent pour acheter des livres pour l’école, pour s’offrir quelques vêtements ou des appareils électroniques et parfois pour aider un peu leurs parents, ils l’apprécient avant tout car il leur permet de côtoyer beaucoup d’étrangers et de pratiquer ainsi leur anglais. Mi a notamment remporté le concours d’anglais de son école l’an dernier. C’est d’ailleurs suite à cela qu’Hiro l’engage, elle qui faisait partie du jury.

Et après?
Un peu plus d’une année après l’ouverture, Hiro n’a pas vraiment le temps de penser à ce qu’elle aimerait éventuellement changer au café. Elle agrandit le menu au fur-et-à-mesure des suggestions de ses amis. Son café fait bonne impression puisqu’il figure dans un guide allemand, ainsi que dans le nouveau Lonely Planet. Elle est très contente que son adresse y soit citée, même si elle n’aime pas le commentaire qui est fait de son petit restaurant qui est comparé à une grande enseigne de Vientiane… Elle ne sait pas combien de temps elle continuera cette activité, mais elle n’a de toute manière pas d’engagement à longue durée envers son personnel puisque tous sont des étudiants qui la quitteront bientôt pour se lancer dans la vie professionnelle ou pour poursuivre leurs études.
Mi, lui, aimerait beaucoup étudier à l’université. Vers 28 ans, ils souhaiterait se marier et avoir un garçon et une fille. Mais avant cela, il devrait trouver un bon travail afin de leur offrir une bonne éducation. S’il le peut, il apprécierait beaucoup de se rendre à Luang Prabang (au Laos, plus au nord), à Bangkok et même peut-être aux Etats-Unis. Il y a deux mois, il a eu la chance, avec son école, de visiter Vientiane (à 300 km au nord). En y arrivant, il avait le coeur qui battait fortement, car c’est la capitale de son pays.
Pim, elle, a vingt-et-un ans. Elle s’est déjà rendue à Vienatiane et aimerait voyager partout, mais son premier choix se porterait sur Luang Prabang. Plus tard, elle aimerait un bon travail, un bon mari et économiser de l’argent pour s’acheter une nouvelle maison.
Noi, finalement, dix-huit ans, qui a déjà visité Vientiane et Pakse (plus au sud), aimerait aussi beaucoup aller à Luang Prabang et si elle le peut, au Japon, en Corée et aux Etats-Unis. Dans quelques années, elle se verrait bien mariée et policière.

A tous, nous leur souhaitons beaucoup de chance pour leur avenir!

Et bien sûr, si vous passez à Savannakhet, n’hésitez pas à passer quelques heures au Café Anakot. De notre part, vous saluerez Hiro, Ad et les autres. Et pour nous, vous dégusterez un curry, des croquettes de pommes de terre ou un moelleux gâteau au chocolat 😉

Découvrez également le site internet du Café Anakot, ainsi qu’une vidéo de présentation réalisée par Pierre.

3 réponses sur “Café Anakot, Savannakhet – Laos”

  1. Voilà, maintenant vous savez quoi faire à votre retour! On se réjouit de partager de super repas avec vous! Alors, que mangent les laotiens??
    Merci pour ce reportage, c’est passionnant! Bonne suite et aux prochaines nouvelles! Je vous embrasse Brigid Maman

  2. j’aime beaucoup les petits dessins sur les murs du café 😉
    merci de nous avoir fait découvrir ce petit endroit qui a l’air bien sympathique.
    ++

  3. Chez Hiro, on a envie de dire « Itadaki masu » pour l’orthographe on repassera, mais autrement dit « bon appétit! » Quel endroit charmant et que de belles rencontres! J’aurais bien participé avec Sophie à la préparation d’un plat au café Anakot!
    A bientôt pour les nouvelles aventures.
    Au fait, Genève est toujours à la même place si vous voulez des nouvelles, mais la ville est comme un Gruyère!
    Trop beau ce voyage, profitez bien! A +

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