Vous prendrez bien un petit café?

Au Laos, il y a plein de spécialités culinaires… L’indispensable « sticky rice » (riz collant), la salade de papaye, parfois tellement forte, que même les amateurs de plats épicés ont du mal à manger, mais aussi du bon café! Du très bon même! Sur le plateau des Bolovens, situé entre 1000 et 1300 mètres d’altitude à l’est de Pakse, il y a tout pour y faire pousser un arabica de qualité. L’altitude, le sol riche en roches volcaniques et le soleil étant présents, il ne manque plus qu’un passionné pour vous introduire à l’art du café!

En une petite visite de deux heures, nous découvrons un monde aussi complexe et passionnant que celui du vin. Notre guide, un Hollandais installé au Laos depuis trois ans, connaît son sujet sur le bout des doigts. De la culture à la torréfaction, en passant par la récolte, la nurserie, le développement de l’exploitation, l’impacte écologique et social et la qualité de l’arabica, rien ne sera oublié. On apprend ainsi, entre autre, qu’un caféier adulte, c’est à dire âgé de quatre ans, ne produit au final que 750 grammes de café prêt à être consommé! Autant dire que pour être rentable, il faut avoir de grandes surfaces cultivables. La culture du café, ici, se fait d’une manière respectueuse de l’environnement, mais ce n’est pas le cas dans toutes les exploitations. Plus important encore, une exploitation comme celle que nous avons visitée, permet de faire vivre toute une famille (frères, sœurs, cousins, etc…) ce qui représente, dans ce cas précis, plus de 140 personnes!

Après la visite, nous voyons comment se passe la torréfaction des grains (ici la torréfaction n’est pas faite par des machines, mais à la main). Nous finissons notre initiation par une bonne tasse de café bien chaud est fraîchement torréfié. Un pur régal!

Alors, vous prendrez bien un petit café?!

Ad, SHE dans une compagnie de transport – Laos

Ad - portrait.

SHE, pour Safety, Health and Environement manager, c’est le poste qu’occupe Ad depuis deux ans. Un bon emploi avec un bon salaire, rien à voir avec la misère que certains Laotiens connaissent. D’ailleurs, elle a conscience de la chance qu’elle a. Son emploi requiert des compétences qu’elle n’était pas sûre d’avoir, mais son chef lui a fait confiance. C’est un métier qui lui demande beaucoup d’énergie, mais qui lui permet d’acquérir beaucoup d’expérience. Quant à savoir si elle fera ça toute sa vie, aucune idée… A 32 ans, elle n’exclut même pas la possibilité de reprendre des études!

Chose plutôt courante au Laos, mais bizarre pour les occidentaux que nous sommes, elle a pu choisir , lors de la signature de son contrat, dans quelle monnaie on lui verse son salaire! Résultat, Ad n’est pas payée dans la monnaie du pays (kip) mais en dollars américains. Avec le cours du dollars qui baisse, elle se dit aujourd’hui qu’elle aurait mieux fait de choisir des kips, voire des baths thaïlandaise. Ses horaire des travail : 48 heures par semaine, 6 jours sur 7 avec une heure de pause à midi. Ses jours de congés : 15 jours de vacances, 30 jours de maladie admis et 6 jours pour des problèmes personnels (décès dans la famille par exemple). Elle aimerait beaucoup entreprendre un long voyage à l’étranger, mais tenant compte de son contrat de travail, c’est quelque peu compliqué.

Quant à son argent, Ad le gère au mieux! Elle dit mettre plus de 60% de son salaire de côté chaque mois! Ce qu’elle fera de cet argent, elle n’en sait rien, mais elle est plutôt entreprenante et a toujours de nouveaux projets derrière la tête.

Elle détient d’ailleurs, en partenariat, un salon de massage qui emploie une dizaine de filles. C’est certainement pour elle une manière de rayonner sur les jeunes Laotiennes. A ce propos, quand on lui demande si elle a un message à faire passer à travers cet interview, elle nous dit sans hésiter sa préoccupation pour les femmes de son pays : « Si les femmes avaient un meilleur accès à l’éducation, elles pourraient plus facilement faire de bonnes études. Aujourd’hui, beaucoup de filles sont tentées de faire de la prostitution pour gagner plus d’argent ».

Quand on la questionne sur le Laos, les choses se compliquent un peu… Elle se dit fière de son pays et de la gentillesse de ses compatriotes. Concernant le gouvernement, elle ne souhaite pas trop en parler, en tout cas pas trop sérieusement. Elle reconnaît cependant que le fait d’avoir un seul parti et une seule ligne gouvernementale permet aujourd’hui un développement économique rapide. Les touristes sont de plus en plus nombreux et, plus important, les investisseurs étrangers hésitent de moins en moins à s’installer au Laos. En revanche, ce qui la préoccupe, ce sont les dommages causés à l’environnement, du fait de ce développement extrêmement rapide et peu réglementé. Il est vrai que les gros producteurs d’huile de palmes ou planteurs d’hévéas (arbres dont on extrait le caoutchouc), font d’importants dommages aux espaces forestiers.

Elle ne vous le dira qu’a demi-mot, mais Ad représente au mieux son pays aujourd’hui. Son enthousiasme et sa volonté d’aller de l’avant notamment représentent très bien le dynamise de toute la nation. Le Laos connait une croissance ultra rapide et les jeunes adultes comme Ad, en sont le moteur.

Le Laos rien que pour les yeux

Pour ceux qui préfèrent les photos aux textes, ouvrez grands vos yeux, car nous avons décidé de vous montrer le Laos plutôt que de vous le conter.

De Muang Noi (nord de Luang Prabang) aux 4’000 îles (tout au sud), nous avons découverts de magnifiques paysages, rencontré des personnes de toute gentillesse et donc vécus des moments magiques. Pour nous déplacer,  nous avons emprunter bus ou voie fluviale et même conduit notre propre moto, ce qui nous a procurer un sentiment d’extrême liberté. Voilà, nous n’en dirons pas plus, vous n’avez qu’à regarder 😉

Café Anakot, Savannakhet – Laos

Au Laos, nous avions une mission: nous arrêter à Savannakhet afin de rendre visite à Hiro, une amie d’Obasan et Pierre avec qui nous avons voyagé au Tibet. Nous l’avons aujourd’hui pleinement remplie puisque cela fait déjà quelques jours que nous avons déposé notre sac à dos dans cette ville au bord du Mékong.

Un café plein d’amitié
Pour rencontrer Hiro, une Japonaise de 34 ans, rien de plus facile. Il suffit de nous rendre à son café, le Café Anakot (Futur en laotien). Arrivée au Laos il y a environ trois ans pour travailler avec une ONG (Organisation Non Gouvernementale), elle aime beaucoup ce pays, même si elle est pratiquement sûre d’en repartir un jour. Aujourd’hui, elle y gère donc un café qu’elle a ouvert en novembre 2009 avec l’aide de ses amis. Il y a Ad, d’abord, une amie laotienne qui lui propose de louer un espace pour elle. Alors que le premier étage leur sert d’appartement, le rez-de-chaussée est aménagé en un charmant petit café très bien décoré. Il y un ami des Pays-Bas qui a réalisé le logo. Bien sûr, il y a Pierre et Obasan qui l’ont rejointe depuis la France et le Japon pour préparer l’ouverture et qui l’ont même aidée à financer son projet. Aujourd’hui, pratiquement chaque soir, plusieurs amis viennent grignoter une morse ou boire un verre, ce qui rend le lieu spécialement convivial.

Une cuisine succulente
Au Japon, ouvrir un restaurant coûte extrêmement cher. Au Laos, Hiro a pu réaliser son souhait plutôt facilement. Les autorités viennent seulement jeter un coup d’oeil au lieu une fois le café ouvert, afin de fixer une taxe annuelle d’exploitation qui, soit dit en passant, est insignifiante. Une fois le lieu aménagé, il ne reste plus qu’à concocter un menu. Elle l’imagine d’abord entièrement végétarien, mais ses amis lui font remarquer que ce serait plutôt risqué. Elle propose donc une cuisine très variée, avec ou sans viande, thaï, japonaise ou occidentale. Son secret: elle n’utilise que des produits d’excellente qualité dont beaucoup de légumes frais.

De jeunes employés très appliqués
Pour Hiro, employer des Laotiens a toujours été une évidence. C’est sa manière à elle d’aider les gens d’ici. Elle engage toujours des étudiants, car ils se montrent très intéressés et s’appliquent dans leur travail. Bien sûr, il faut les former. Ce n’est qu’après quelque deux mois qu’ils sont parfaitement autonomes. Avec moi qui l’aide un peu en cuisine car elle manque de personnel la journée, elle me dit que c’est vraiment facile, car je connais des éléments de base dont les jeunes Laotiens n’ont aucune idée. Ils n’ont jamais utilisé de cuisinière au gaz ou de micro-ondes et ne mangent jamais des spaghettis, des sushis ou du gâteau au chocolat à la maison… Ils apprennent donc à cuisiner des mets qu’ils ne mangent pas habituellement et qui, la plupart du temps, ne sont pas à leur goût. Ils savent cependant quel goût ils doivent avoir pour qu’ils soient bons.

Hiro est heureuse de pouvoir leur offrir de bonnes conditions de travail. Même s’ils pourraient avoir un salaire plus élevé en servant des bières (environ un tiers en plus), elle leur offre tout de même un bon salaire. Et ici, ils n’ont pas à se vêtir de costumes moulants pour exercer leur travail, ni à fréquenter des hommes. Comme ils étudient la journée, ils ne travaillent que de 17h à 21h, six jours par semaine, ce qui leur rapporte environ 500’000 à 600’000 kips par mois (l’équivalent de 60 à 70 CHF). De plus, ils se partagent les pourboires (40’000 à 50’000 par mois, soit environ 5 à 6 CHF), peuvent manger sur place et reçoivent de l’essence s’ils utilisent leur scooter personnel pour aller faire des courses. Les jeunes, eux, se montrent ravis de leur place de travail qu’ils trouvent plutôt facile. Mi, un jeune homme de dix-huit ans, nous dit cependant avoir parfois quelques problèmes avec ses parents qui souhaiteraient qu’il aide plus à la maison. Comme à peine rentrer de l’école il part travailler, il n’aide pas franchement à faire le ménage ou préparer le riz et comme il est enfant unique, personne d’autre n’est là pour le faire. Si leur salaire est important car ils l’utilisent pour acheter des livres pour l’école, pour s’offrir quelques vêtements ou des appareils électroniques et parfois pour aider un peu leurs parents, ils l’apprécient avant tout car il leur permet de côtoyer beaucoup d’étrangers et de pratiquer ainsi leur anglais. Mi a notamment remporté le concours d’anglais de son école l’an dernier. C’est d’ailleurs suite à cela qu’Hiro l’engage, elle qui faisait partie du jury.

Et après?
Un peu plus d’une année après l’ouverture, Hiro n’a pas vraiment le temps de penser à ce qu’elle aimerait éventuellement changer au café. Elle agrandit le menu au fur-et-à-mesure des suggestions de ses amis. Son café fait bonne impression puisqu’il figure dans un guide allemand, ainsi que dans le nouveau Lonely Planet. Elle est très contente que son adresse y soit citée, même si elle n’aime pas le commentaire qui est fait de son petit restaurant qui est comparé à une grande enseigne de Vientiane… Elle ne sait pas combien de temps elle continuera cette activité, mais elle n’a de toute manière pas d’engagement à longue durée envers son personnel puisque tous sont des étudiants qui la quitteront bientôt pour se lancer dans la vie professionnelle ou pour poursuivre leurs études.
Mi, lui, aimerait beaucoup étudier à l’université. Vers 28 ans, ils souhaiterait se marier et avoir un garçon et une fille. Mais avant cela, il devrait trouver un bon travail afin de leur offrir une bonne éducation. S’il le peut, il apprécierait beaucoup de se rendre à Luang Prabang (au Laos, plus au nord), à Bangkok et même peut-être aux Etats-Unis. Il y a deux mois, il a eu la chance, avec son école, de visiter Vientiane (à 300 km au nord). En y arrivant, il avait le coeur qui battait fortement, car c’est la capitale de son pays.
Pim, elle, a vingt-et-un ans. Elle s’est déjà rendue à Vienatiane et aimerait voyager partout, mais son premier choix se porterait sur Luang Prabang. Plus tard, elle aimerait un bon travail, un bon mari et économiser de l’argent pour s’acheter une nouvelle maison.
Noi, finalement, dix-huit ans, qui a déjà visité Vientiane et Pakse (plus au sud), aimerait aussi beaucoup aller à Luang Prabang et si elle le peut, au Japon, en Corée et aux Etats-Unis. Dans quelques années, elle se verrait bien mariée et policière.

A tous, nous leur souhaitons beaucoup de chance pour leur avenir!

Et bien sûr, si vous passez à Savannakhet, n’hésitez pas à passer quelques heures au Café Anakot. De notre part, vous saluerez Hiro, Ad et les autres. Et pour nous, vous dégusterez un curry, des croquettes de pommes de terre ou un moelleux gâteau au chocolat 😉

Découvrez également le site internet du Café Anakot, ainsi qu’une vidéo de présentation réalisée par Pierre.

Hymne au voyage en bus

Voyager au Laos ne demande pas beaucoup d’aptitudes de voyageur intrépide, surtout depuis le développement ultra rapide du tourisme. Vous voulez vous déplacer rapidement et avec confort? Rien de plus simple! Minivan ou bus VIP à votre disposition et presque au même prix que le bus local en plus. Oui mais voilà, le minivan, c’est beaucoup moins intéressant. Alors pour sortir un peu des sentiers battus, il faut avant tout avoir un bon « Lao-décodeur », que nous avons acquis après cinq mois sur les routes d’Asie, et avoir un peu la tête dure!

Exemple d’utilisation du « Lao-décodeur » ( =>#?> ).

  • Bonjour, nous souhaitons nous rendre à Paxsan, savez-vous si il y a un bus?
  • Paxsan, non impossible =>#?> Hmm, il y a donc un moyen!
  • Paxsan, oui c’est possible, mais uniquement en minivan! =>#?> Un bus local existe?! Mais c’est formidable!
  • Pour Paxsan, il vous faut aller à Vientiane d’abord! (200km dans la direction opposée…) =>#?> La route directe qui est indiquée sur la carte existe donc bien.
  • Le minivan c’est 160’000 kips chacun, same same que le bus local! =>#?> Le bus local, c’est deux fois moins cher!
  • Oui oui, tous les jours à 8h! =>#?> 9h si tout va bien!
  • C’est un bus local qui part depuis la gare routière du sud! =>#?> Tout vrai! (Il commence à déconner cet engin…)
  • Mais la route est très mauvaise! =>#?> … Vous voulez vraiment y aller?!
  • Merci à tous! Trop bien notre =>#?>!!

Jusqu’au bout, coûte que coûte!
L’embarquement dans le fameux bus se fera finalement à 7h30, après une manœuvre incompréhensible de notre conducteur de tuk-tuk, partit à la rencontre du bus et non en direction de la gare ruotière… Peu importe, nous sommes à bord! Après quelques mois de voyage, on commence à comprendre un peu mieux le système. Dans n’importe quel bus local, vous avez certains personnages que vous retrouvez à chaque fois. Petite énumération de nos favoris :

Lui, c’est le chauffeur! Après Bouddha, c’est l’homme le plus important dans le véhicule. Celui-là sera héroïque, du début à la fin… Douze heures de conduite, avec trente minutes de pause à midi… On est très loin des normes européennes imposées aux chauffeurs professionnels! A l’occasion, il monte aussi sur le toit, siphonne des bidons d’essence avec sa bouche, bref il est multitâches! Il évite tous les pièges de la route, n’a peur de rien et a quand même le droit de s’en fumer une de temps en temps!

Ça, c’est la banque =>#?> … La dame à qui on paye son billet. La banque, … pardon … , la Dame, parle toujours beaucoup, descend souvent du bus, remonte dans le bus, redescend… Elle est toujours joyeuse et autoritaire et tient en permanence une énorme liasse de monnaie dans sa main. Elle sait toujours qui s’arrête à quel endroit et vous fera savoir quand vous devrez descendre de son bus… Parce que oui, après tout, c’est SON bus!

Elle, c’est la poussière! C’est le seul passager que vous n’aimeriez vraiment pas voir à bord. En la voyant, vous comprenez enfin pourquoi la moitié des gens portent un masque sur la bouche. La poussière de la route en terre s’invite partout, vous prend à la gorge et aux yeux. Elle recouvre toutes les marchandises sur le toit et n’a aucune pitié pour les gens qui marchent au bord de la route au passage du bus.

Le mec super balèze, mais qui n’en a pas l’air, c’est l’assistant du chauffeur. En une journée, il monte cent fois sur le toit et y hisse toutes les marchandises possibles et imaginables. Et s’il n’y plus de place sur le toit, il organise les sacs dans le couloir et qu’importe s’il faut gravir une montagne pour atteindre son siège. A lui seul, il est capable de porter une moto, ou des sacs que vous n’arriveriez même pas à faire bouger. Lui aussi se fera une journée de douze heures de travail sans broncher!

Elle, c’est la commerciale. Elle a une minute trente chrono à chaque arrêt pour faire son business…

« Ça c’est le colis de Madame Truc pour Monsieur Machin, tu lui donneras! T’as besoin de quelque chose?… » Le bus repart, quelques billets ont été échangés et la commerciale en a profité pour remonter à bord avec un sac de riz ou un poulet…

Lui, c’est votre ange gardien. Pour ce trajet, il se nommera Pa. Il parle bien anglais, il vous a vu monter dans le bus et profite de la petite pause de midi pour vous inviter à sa table. Il nous présente sa femme Bao et nous raconte un peu sa vie. Pa travail dans une boulangerie iranienne d’un quartier de San-Francisco, mais il rentre de temps en temps au Laos où il est né. Il a vu la Suisse dans un magazine, c’est un pays de paix ou les gens du monde se réunissent quand il y a des guerres, pour essayer de trouver des solutions – on aimerait tant lui donner raison. Il insistera pour vous payer le repas, vous refuserez, il insistera encore, vous le laisserez faire. En remontant dans le bus, il vous lancera très calmement un « Today I take care of you! » et le bus repart…

On peut encore citer les moines et leur immense toge jaune dans laquelle vous vous dites qu’on doit se sentir bien; la gamine qui se demande ce que vous faites là et qui finalement vous adoptera assez vite; la mère et son bébé que vous n’entendrez pas une seule fois pleurer du début à la fin du trajet; le mec malade qui vomit ses tripes à la fenêtre; la fille qui n’en finit pas de parler à son voisin qui lui, dort depuis un moment; il y a aussi tous ces gosses, le sourire jusqu’au oreilles, qui voient passer le bus, vous font des signes et vous envoient des grands SABAÏ-Diiiiiii (bonjour laotien)!

Nous avons failli oublier le personnage principal : LE BUS! C’est une carcasse vieille de quelques dizaines d’années, mais des comme lui, on en fait plus! Il passe partout, dans les rivières, sur des immenses tas de terre, sur des routes en travaux, il descend des pentes que vous auriez préféré faire en ski. Le Bus n’oublie personne, il y a toujours de la place à son bord, même quand il semble ne plus en avoir! Il se fatigue parfois et on peut comprendre qu’après onze heures de trajet il en ait marre et décide de n’accorder à son chauffeur que l’usage de sa première vitesse pour la dernière heure! Quoi qu’il en soit, il vous amènera à bon port, coûte que coûte! Parce qu’il en a vu d’autres et que demain, il recommencera…

Les bombes oubliées du Laos

Paisible Luang Prabang
Notre périple Laotien nous amène à Luang Pabang, après une boucle dans le nord du pays. Ville inscrite au Patrimoine Mondial de l’Humanité, Luang Prabang est surtout l’occasion de découvrir un lieu marqué par les années du « protectorat français ». Il en reste de magnifiques maisons de type colonial, de bonnes baguettes françaises pour le petit-déjeuner et des voitures de collections au détour d’une rue.
Nous découvrons également une ville en transformation. Le tourisme au Laos est en pleine explosion et les « guesthouses de luxe » et autres bars lounge, pullulent sur les rives du Mékong et sur le pourtour de l’île sur laquelle la ville est construite. Nous y passons quelques jours de repos et y fêtons Noël, au soleil!

UXO Lao, une action sans fin!
BOOOOOM! Voilà ce que nous avons entendu retentir dans toute la vallée de Muang Ngoi (nord du Laos) un après-midi. Un bruit effroyable qui nous a tout de suite mis la puce à l’oreille… Une bombe venait d’exploser, heureusement, celle-ci, était déclenchée par des membres de l’UXO Lao. Le Lao National Unexploded Ordanance Programme (UXO Lao) dont la mission, commencée en 1996, semble ne pas avoir de fin…
De quoi parle-t-on? Le Laos est malheureusement considéré comme le pays ayant été le plus massivement bombardé lors du siècle dernier. Deux millions de tonnes de bombes larguées sur tout le territoire, principalement pendant la guerre d’Indo-Chine (1964-1973). Le résultat aujourd’hui, outre l’indélébile cicatrice historique, est que 30% des 270 millions de bombes et bombes à sous-munitions larguées, n’ont pas explosé!

Quel impact de nos jours?
Elle sont multiples. D’abord, 300 personnes sont grièvement blessées ou tuées chaque année par des munitions non-explosées au Laos. Cela peut paraitre peu en rapport aux chiffres précédemment cités, mais la situation n’est pas prête de s’améliorer. Moins de 1% des bombes non-explosées, voilà ce que les équipes de l’UXO Lao ont réussi à nettoyer pour la période 1996-2010! Cela vous permet de mesurer l’ampleur et l’immensité de la tâche.
Mais il y a aussi un fort impact social, et celui-là est plus grave. En effet, le métal des bombes se vend désormais plutôt bien au marcher noir. Jusqu’à 200 US$ pour une grosse bombe, voilà ce que peut rapporter la vente de ces objets. Du coup, même les enfants sont tentés de rapporter à la maison certaines petites sous-munitions, trouvées dans la forêt, dans un champ ou même sur le chemin de l’école. Des campagnes de sensibilisation dans les villages sont organisées, mais cela ne suffit pas toujours à la tentation de toucher l’objet.
Les bombes non-explosées modifient aussi la vie au quotidien de nombreux habitants. Peur de travailler dans les champs, principalement dans les rizières. Difficulté à étendre les zones agricoles ou d’habitation. Sans oublier le désastreux impact écologique lié aux nombreux produits chimiques et toxiques encore contenus dans certaines carcasses métalliques vieillissantes! De plus, chaque année, la saison des pluies modifie un peu le terrain, laissant découvrir de nouveaux engins ou en déplaçant un certain nombre. Résultat: certaines régions déjà « décontaminées » voient réapparaitre quelques pièces oubliées.

Petit coup de gueule.
Le Laos est un pays magnifique, qui est entrain de vivre une importante mutation, en grande partie due au tourisme. Les Laotiens sont, pour la plupart, accueillants et sympathiques. La nature est en beaucoup d’endroit rayonnante. Le climat est propice à la détente et il est difficile de résister à la tentation de se poser tranquillement sur une belle terrasse, en buvant une bière ou un thé et en lisant un bouquin. Cependant, lors de notre visite de l’excellente exposition permanente de l’UXO Lao à Luang Prabang – de surcroît gratuite -, nous avons constaté un véritable abandon de la part des touristes. Moins de soixante visiteurs pour le mois de décembre de cette année, avouez que c’est peu! Nous sommes en haute saison touristique… On est en droit de se demander quelles sont les réelles intentions de certains backpackers, venus en masse et faisant l’apologie de « l’Eco-tourisme » au Laos. Faîtes nous donc plaisir, si vous passez à Luang Prabang, prenez une petite heure pour visiter ce centre et éventuellement faire un don ou acheter un T-shirt. Cela fera peut-être un peu avancer cette cause…

Pour en savoir plus
Si le sujet vous intéresse, nous vous proposons plusieurs liens, bien plus détaillés que notre article.

Site officiel du UXO Lao
Le très complet article wikipedia sur les Munitions non explosées

Après la frontière, la jungle

Dernier massage, derniers petits plats thaïs, dernière bière Chang ou Leo et de l’autre côté du Mekong, le Laos. Deux minutes de traversée en bateau, une demi-heure d’administration pour l’obtention d’un visa et nous voilà dans le pays duquel nous n’avons eu que de bons échos. En effet, nous n’avons jamais rencontré personne qui n’ait pas aimé son séjour dans ce pays.

Des singes, des oiseaux fabuleux et des serpents
Et bien non… nous n’avons rien vu de cela lors de notre mini trek dans la jungle. Hormis des moustiques et des insectes, nous n’avons croisé aucun animal, même si nous avons entendu quelques sons étranges. Certainement effrayés par les touristes qui s’y baladent trop régulièrement, nos amis les bêtes ont dû se déplacer en des espaces plus éloignés. Nous n’avons pas non plus rencontré Tarzan qui, pourtant, aurait pu se déplacer de liane en liane. Car des lianes, de la végétation et des arbres incroyablement énormes, il y en a! Nos guides, d’ailleurs, en font bon usage lorsqu’il s’agit de cuisiner. C’est dans un morceau de bambou géant qu’ils laissent mijoter la viande à laquelle ils ajoutent des fleurs de bananier récupérées en chemin. Puis c’est dans un autre morceau de bambou, soigneusement taillé qu’ils versent le met parfaitement assaisonné. La « table », quant à elle, est majestueusement dressée sur des feuilles de bananier. A l’aide de l’une d’elles, un de nos accompagnateurs construit de petites cuillères très appréciées pour boire un peu de soupe. Voir ces hommes faire un aussi bon usage de la nature qui les entourent, découvrir tout ce qu’ils savent sur les plantes qui les entourent nous impressionnent, nous qui avons perdu beaucoup des connaissances autrefois tant utilisées par nos aïeuls. Durant notre marche, notre guide nous désigne par exemple une plante qui aide à cicatriser, une seconde qui permet de faire monter le lait lors de l’allaitement, ou une autre que les jeunes hommes célibataires ne devraient pas toucher, sous peine de… nous n’avons pas tout compris, mais comme nous sommes mariés, aucun problème!

Les garçons et les filles, pas la même vie…
Lors de notre premier déplacement au Laos, ce qui nous frappe tous les deux, c’est l’apparente pauvreté des villages que nous traversons. Beaucoup d’enfants à moitié vêtus jouent au bord des routes qui sont de nettement moins bonne qualité qu’en Thaïlande. Désireux de rencontrer la population paysanne, nous enfourchons VTT puis moto (manuelle – que Fabrice maîtrise maintenant parfaitement!) et partons nous balader. Mais le contact avec la population n’est pas évident, même si quelques enfants nous adressent un Sabaidee (bonjour en lao). Nous nous sentons plutôt mal à l’aise et ne nous attardons alors jamais longtemps. Mais nous nous interrogeons beaucoup sur l’attitude des villageois et émettons plusieurs hypothèses: peut-être voient-ils tellement de touristes que nous leur sommes indifférents. Peut-être se sentent-ils épiés. Ou alors, peut-être ne voient-ils pas beaucoup de touristes et nous les effrayons. D’ailleurs, l’un de nos guides, un homme du village d’où nous partons pour le trek, a peur de nous accompagner, car il ne sait pas comment se comporter avec les étrangers (nous l’apprendrons plus tard par le chef du village). Enfin, si toutes ces suppositions ont certainement une part de vérité, il s’avère surtout qu’ils ne comprennent pas trop ce que l’on vient faire par là… Ils savent seulement que nous aimons nous promener dans la jungle et faire du kayak, ce qui occupe la plupart de nos journées dans les environs. Heureusement, accompagnés de notre guide, nous apprenons un peu mieux en quoi consiste la vie villageoise. En deux jours, nous nous arrêtons dans quatre villages de quelques centaines d’habitants chacun, où nous avons notamment l’occasion de visiter les écoles. Les enfants, dès l’âge de sept ans, y étudient le lao, les maths et l’environnement. Dès sept ans? Nous voyons pourtant que certains marmots sont bien plus jeunes… Eh bien ils ne font qu’accompagner leur grand frère ou grande soeur, ce qui permet aux parents de s’en décharger, eux qui doivent aller travailler aux champs. Tiens, d’ailleurs, l’un d’eux qui doit être âgé de trois ans s’en va: il passe la petite barrière et s’enfuit en courant. Nous le recroiserons plus loin, dans le village. L’enseignante elle-même, s’occupe de son dernier né tout en exerçant sa tâche. En ce moment, il est assis par terre, mais parfois, elle l’attache sur son dos. Habituellement, ce sont les petites filles qui s’occupent de leurs plus jeunes frères et soeurs pendant la journée, lorsque leurs parents partent travailler. Parfois âgées de quelques années seulement, elles sont comme de vraies petites mamans. Mais grâce à un programme alimentaire du WFP (World Food Program), les fillettes sont aussi envoyées à l’école: pour chaque fille scolarisée, sa famille reçoit vingt kilos de riz tous les trois mois, soit deux fois plus que pour un garçon. Cependant, une fois l’école terminée, les habitudes subsistent: alors que les garçons sont entièrement libres de leur temps, les filles s’amusent un peu, mais ne doivent pas oublier d’aller chercher de l’eau à la rivière, puis de préparer le repas. Cela explique donc pourquoi nous croisons surtout des garçons à bicyclette ou jouant dans la rivière.

Comme à l’époque
Aujourd’hui, chez nous, la vie de village n’est plus ce qu’elle était. On ne connaît pas toujours ses voisins et la vie ne semble même pas toujours là, tant les villages se sont vidés de leur poste, de leur mini magasin ou de leur restaurant. Au Laos, par contre, nous découvrons ce que devait être la vie campagnarde d’antan. Point besoin de la recréer pour une télé réalité… Ici, le forgeron, les tisseuses ou la femme qui lave les vêtements à la main sont des vérités! A la tombée de la nuit, l’effervescence est encore plus impressionnante. Les enfants jouent, courent, crient, rient, pleurent. Les animaux, chiens, poules et cochons, vont de partout. Les femmes cherchent de l’eau, préparent le riz ou rentrent de leur toilette qu’elles font dans la rivière, vêtues d’un sarong. Certains écoutent la radio et d’autres regardent la télévision (il y en a deux dans le village), mais ces activités sont toutes nouvelles puisque l’électricité n’est là que depuis huit mois. Dans la soirée, quelques habitants partagent une Jarre laotienne qui contient un alcool de riz sucré plutôt goûtu (LaoLao), dans laquelle nous avons la chance de tremper nos lèvres. La soirée est aussi pour nous l’occasion de rencontrer le chef du village dont le rôle est de prendre soin du patelin et des ses habitants. Gestion des conflits entre les différentes familles ou dans les couples, aide et conseil aux familles qui ont des problèmes financiers, c’est son affaire durant les trois ans du mandat pour lequel il a été élu. Lorsque nous lui offrons un petit présent pour les enfants du village, il nous remercie, nous souhaite une bonne suite de voyage, un bon retour chez nous où il espère que nous travaillerons dur afin de pouvoir revenir au Laos avec encore plus d’argent…