L’art de calculer et celui de négocier

L’art de calculer
Pour voyager, il est vivement conseillé de savoir parler anglais, ou du moins d’en avoir quelques bases, mais surtout de maîtriser le calcul mental. Certaines monnaies sont plus faciles que d’autres à convertir en francs suisses, alors que d’autres vous torture l’esprit. En Chine, par exemple, c’était plutôt simple: diviser par dix, puis fois un et demi. En Thaïlande, il faut diviser par trente, donc tu as intérêt à connaître le livret trois sur le bout des doigts! Au Laos, comme il fallait diviser par un chiffre incroyable, nous avons appris la valeur de certains nombres (50’000 = 6 CHF), puis joué avec les livrets. Au Cambodge et en Birmanie, les choses se compliquent, puisqu’on jongle entre trois monnaies: la monnaie locale et le dollar, puis le franc suisse pour la conversion. Au Cambodge, les calculs sont plutôt simples, car n’importe où, un dollar vaut quatre mille riels. Ainsi, on paie les chiffres entiers en dollars et les 25, 50 ou 75 centimes en monnaie locale. Durant une négociation, les prix peuvent d’abord être annoncé en dollars, puis soudainement en riels afin de tomber sur une valeur intermédiaire. En Birmanie, par contre, les choses se compliquent, car le cours du dollar par rapport à la monnaie locale n’es pas fixe. Dans les hôtels, par exemple, contre un dollar, vous obtiendrez 800 kyats, alors qu’au marché, selon les jours, vous pourrez avoir jusqu’à 850 ou 860 kytas pour un dollar (si on vous en propose 1000, c’est qu’il y a une arnaque dans l’air). Qu’est-ce que le marché? Le marché de vêtements et de bijoux… Car ce qu’il faut savoir, c’est qu’en Birmanie, les étrangers ne peuvent retirer aucun argent: il n’y a pas de bancomat. C’est pourquoi la seule solution est d’arriver avec tout l’argent dont vous aurez besoin pour votre séjour… en dollars. Ce n’est que sur place que vous pourrez obtenir des kyats en échangeant la monnaie américaine. Mais attention, seuls les billets tout neufs sont acceptés! S’il y a une ligne au milieu car vous avez eu le malheur de les plier en deux, ils seront refusés. Ou alors, comme on nous l’explique dans un hôtel, un billet de cinquante imparfait peut-être accepté, mais ne vaut plus que vingt-cinq dollars. Ainsi, il faut se battre pour que certains billets auxquels ont ne peut franchement rien reprocher soient acceptés. D’ailleurs, plus les jours passent, plus nous redoutons le moment où aucun de nos dollars ne seront acceptés, car nous n’avons pas une marge énorme. Mais comme le disent si bien les Birmans, de toute façon, les vieux billets, il n’y a aucun problème pour les utiliser dans notre pays 😉

L’art de négocier
Comme les prix ne sont que très rarement affichés, en une journée, vous passez votre temps à demander « combien ça coûte? », ce qui est parfois épuisant. Au restaurant, par exemple, si vous ne voulez pas payer trop cher, la première règle est de toujours demander le prix avant de consommer quoi que ce soit. A quelques exceptions près, les seules fois où nous ne l’avons pas fait, les prix avaient étrangement prix l’ascenseur…

Certaines fois, lorsque l’on vous annonce un prix, vous ne pouvez vous empêcher d’éclater de rire. Une fois, par exemple, je demande le prix pour une robe que j’avais déjà achetée précédemment. Le vendeur m’annonce l’équivalent de douze francs suisses, soit le double de ce que j’avais payé! Immédiatement, je ris et descend à quatre. Finalement, je l’aurai à cinq. Je lui demande s’il en vend souvent au premier prix annoncé. Il me répond, l’air coquin, que parfois, oui… Rarement, il arrive de ne même pas débuter une négociation. Lorsqu’une vendeuse d’un site touristique démarre à cinquante dollars pour un collier, la meilleure chose est de partir en courant! Surtout lorsque vous finissez par l’obtenir pour dix fois moins quelques stands plus loin… Par contre, lorsque vous achetez un produit pour la première fois dans un pays, vous n’avez pas vraiment idée du prix juste, ce qui peut vous amener à vous énerver… pour rien. A Mandalay, Michaël (qui voyage avec Tamara, que nous avions croisés à Chengdu, en Chine et que nous retrouvons en Birmanie pour voyager ensemble), passe pratiquement dix minutes à négocier le prix d’une bière et faillit manquer le coucher de soleil, pour finalement ne gagner que quelques centimes. Le prix annoncé n’était donc pas trop élevé.

En discutant avec A&J, deux Français, nous remarquons que selon la manière de négocier, les différences peuvent être énormes. Ainsi, deux voyages dont les coûts devraient être identiques s’avèrent finalement différents. Exemples: pour un même trajet en bus, eux paient 5’000 K au lieu de 4’000, soit disant car ils réservent leurs billets un peu tard… Pour un même trajet en tuk tuk, A&J paient deux fois plus que nous, car ils le réservent depuis l’hôtel alors que nous le négocions directement dans la rue. Pour un tour en calèche affiché et annoncé à 5’000 K, nous parvenons miraculeusement à n’en payer que 3’500 K, alors qu’eux n’essaient même pas de négocier puisque le prix est affiché. Ils réussiront par contre à visiter un temple gratuitement alors que nous, nous nous faisons agresser pour payer le droit d’entrée: interdiction, même, de faire le tour du bâtiment! Et comme nous évitons un maximum de remplir les poches du gouvernement, nous refusons de payer les dix dollars et rebroussons chemin. Malheureusement, il est inévitable de passer à côté de toutes les taxes gouvernementales si l’on veut visiter les plus beaux sites de la Birmanie. De toute manière, sans être défaitistes et sans minimiser l’importance du tourisme, nous savons bien que la junte militaire qui dirige le pays ne vit pas grâce à nos dons. Du moins, je ne vois pas bien comment le général au pouvoir aurait pu offrir pour plus de cinquante millions de dollars de cadeaux de mariage à sa fille uniquement avec les bénéfices du tourisme… Selon les Moustaches Brothers, une troupe de théâtre dissidente qui joue chaque soir dans son garage de Mandalay, les femmes des hommes au pouvoir possèdent bien plus de diamants que Sophia Loren!

Bref, vous cherchez la méthode sans faille pour payer le prix juste? Fixez-vous un chiffre que vous estimez raisonnable pour les deux partis dans la tête et ne démordez pas … quitte à passer à côté de certains produits … comme cette jolie boîte éléphant que je n’ai jamais retrouvé… Car en Asie, ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que la qualité n’est jamais garantie, même si, vous ne savez pas par quelle chance ou quel hasard vous avez justement craqué sur LA paire de boucles d’oreilles en argent du stand… D’ailleurs, je suis peut-être paranoïaque, mais plus j’observe les fabriques de laques de Bagan (boîtes, bracelets ou autres objets en bambou enduits de laque), moins je crois à la réalité de cette production. Toutes les femmes qui y travaillent sont en phase finale de décoration et dès que nous tournons le dos, elles se remettent à papoter ou à faire autre chose. Et quand on voit la quantité d’objets proposée, moi je dis qu’il y a un problème…

Une pensée sur “L’art de calculer et celui de négocier”

  1. Hello les voyageurs, hello Fab (que j’ai longuement croisé chez B+C!) et hello Sophie (que j’ai croisée une fois, je crois!!).
    BRAVO pour votre site et mille BRAVOS pour vos photos (ma préférence va pour celles de la Birmanie et du café au Laos) et vos commentaires!
    Au sujet de l’art de négocier, un grand philosophe vendant ses couvertures dans un marché en Amérique latine m’a dit un jour « le juste prix est celui que tu es prêt à payer pour avoir l’objet! »
    Je vous souhaite tout le meilleur pour la suite de vos aventures! Claude

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