En attente sur la route pour le Tibet.

Cela fait maintenant une semaine que nous sommes arrivés Xining. Ville de 2mio d’habitants, elle se situe à mi-chemin entre Pékin et Lhassa et constitue donc un excellent point de départ pour le Tibet. Nous espérions y rencontrer deux ou quatre autres personnes désireuses de partager un séjour tibétain, car on ne peut voyager seul dans cette région mythique. Tout voyageur étranger est obligé de passer par une agence qui s’occupera d’obtenir un permis de séjour pour le Tibet et qui lui fournira un guide. Visiter cette province demande donc un investissement financier inhabituel qu’il est préférable de partager à plusieurs. Après deux journées remplies de doutes sur les probabilités de trouver des compagnons de route, la chance nous a souris. Il faut dire que depuis le début de notre voyage, elle ne nous quitte pas. Alors nous ne cessons de dire que oui, nous sommes chanceux, mais que la chance s’entretient. Pierre et Obasan, un Français et une Japonaise acceptent que nous partions ensemble. Le départ est fixé au 19 septembre, soit dans cinq jours. C’est donc le cœur et l’esprit légers que nous pouvons patienter.

A Xining, nos logeons dans une auberge de jeunesse. Nous n’apprécions pas toujours ces lieux souvent bondés où l’on oublie dans quel pays l’on se trouve, car tout le monde parle anglais, allemand ou français tout en mangeant pizzas, lasagnes et autres plats occidentaux. Or, celle-ci est plutôt sympathique: elle n’est pas pleine à craquer et les voyageurs qui l’occupent sont vraiment très sympathiques. Nous n’avons jamais le temps de nous ennuyer, car il y a toujours quelqu’un pour proposer une activité. Avec certains, nous partons nous balader, avec d’autres nous jouons aux cartes, discutons ou allons manger. L’endroit ressemble donc à une joyeuse colonie de vacances. Puis au fil des jours, certains partent et d’autres arrivent. Aujourd’hui, nous sommes les derniers à quitter le lieu. A 22h40, nous nous endormirons paisiblement, bercés par les mouvements du train pour Lhassa (3600m). Au réveil, nous découvrirons les premiers hauts plateaux tibétains que nous pourrons observer depuis la plus haute ligne ferroviaire du monde.

Durant les 15 jours que nous passerons au Tibet, nous ne devrions avoir accès à aucun Wi-fi, car Internet est très contrôlé dans cette région sous haute protection chinoise. Vous n’aurez donc bruit de notre séjour là-bas qu’autour du 5 octobre. Nous pouvons cependant déjà dire que nous apprécions beaucoup la nourriture tibétaine (lait et viande de yak par exemple) que nous avons déjà eu la chance de goûter. Cependant, pour pouvoir la supporter durant 15 jours, ce soir, nous ferons une exception en mangeant dans un vrai restaurant italien (denrée extrêmement rare) 😉

Beaucoup de chance et un peu de mérite.

Notre arrêt à Xi’an nous a permis de faire beaucoup de choses. D’abord, bien évidemment, la découverte de l’incroyable armée de terre cuite (voir article précédent), mais aussi l’occasion de compléter le Top 3 des visites en Chine… Car voilà, le top 3 se compose ainsi : Grande Muraille + Armée de terre cuite + Pandas. On s’est donc soigneusement attaché à compléter se tiercé gagnant et sommes allés à la découverte de ces gentilles bêtes.

Nos amis les pandas!

Plusieurs choses à savoir à propos de cet animal adulé en Chine. D’abord, s’il vit encore dans quelques zones à l’état sauvage, il est quasiment impossible de le voir dans la nature. C’est que le nounours est assez fort à cache-cache et vit sur des territoires difficiles d’accès. Ensuite, celui-ci étant protégé et en voie d’extinction, il n’y a pas beaucoup d’endroits où on peut le voir dans de bonnes conditions. Nous profitons donc d’un tour organisé avec 5 autres personnes pour nous rendre dans un centre de recherches et préservation de l’espèce. Arrivés là-bas, nous constatons que nous sommes extrêmement chanceux, et ce à plusieurs égards. Le centre est accessible au public, mais nous n’y voyons absolument aucun touriste et nous sommes vraiment tranquilles pour observer les animaux. Mais notre plus grande chance, ce jour là, fut la météo… Brumeux, frais et pas pluvieux! Car oui, les pandas ont aussi besoin de leur Top 3 pour montrer le bout de leur museau.

Presque tous les pensionnaires des lieux se sont montrés, même le panda brun du parc – animal encore plus rare. Les enclos ne sont pas grillagés et nous les observons du haut de leur fosse. Certes, ils n’ont pas à disposition les mêmes étendues qu’à l’état naturel, mais c’est toujours largement mieux que dans un zoo! Ils sont très joueurs, nous les soupçonnons même de faire un peu le show juste pour nous. On demande également s’il y a des bébés dans le parc. Réponse affirmative. On croyait voir un adulte, mais le panda grandit de 300% la première année! Par contre pas de petit en 2010 – « bad year! ». On repart enchantés d’avoir pu passer un moment privilégié et complétons ainsi avec brio notre Top 3!

Quelques heures dans le souk marocain

Nous poursuivons notre visite de Xi’an en explorant le quartier musulman. Nous sommes déçus par la visite de la mosquée (une des plus grandes de Chine, apparemment) qui ressemble en tout à un temple taoïste. D’ailleurs, même le minaret est une pagode chinoise – une pagode chinoise servant de minaret, serait-ce légal en Suisse ;-). Nous sommes par contre surpris, mais ravis, de retrouver un peu de Maroc au centre de la Chine. Les étroites ruelles nous donnent l’occasion de mettre en avant nos talents pour marchander. Deux t-shirts pour 260?! Vous rigolez… On vous en donne 35. Ok, marché conclu 🙂

Un petit effort!
Le jour suivant, nous décidons de nous rendre dans les montagnes du Hua Shan. Le lieu est réputé très beau mais aussi très fréquenté. Ces montagnes qui se situent à 2 heures de Xi’an, sont non seulement chargées de spiritualité (où taoïsme et bouddhisme se mélangent), mais également un site naturel aux formes époustouflantes. Pour monter sur le l’un des cinq sommets, il n’y a pas 25 solutions. Soit on prend le téléférique, soit on marche! Alors pour faire honneur à notre nationalité, on s’est dit qu’on allait faire fonctionner nos gambettes… Le résultat final peut se mettre en chiffres pour mieux s’apprécier:

Départ : 382 m.
Arrivée : 2100 m.
Dénivellation positive: 1718 m.
Distance parcourue : 8300 m.
Pente moyenne (!) : 21%
Durée : 5h01min 42 secondes
État final des Dunant : LESSIVÉS!!!

Nous sommes quand même assez fiers de nous. Il faut dire que le parcours n’a rien d’une promenade du dimanche. Les ¾ du chemin sont en fait des escaliers et certains passages sont vraiment impressionnants! Presque à la verticale, avec une grosse chaîne pour s’aider et des marches taillées dans la roche, chez nous, on appelle ça une via-ferrata! En plus, nous portons nos sacs qui sont plutôt lourds, pas évident! Arrivés au sommet, une foule de touristes chinois – qui eux sont montés en téléférique – se suivent sur les escaliers étroits qui serpentent sur la crête. Ils sont très mal équipés. Certaines femmes portent même des talons hauts…

Sur les recommandations du LonelyPlanet, nous nous rendons au pic de l’est, beaucoup moins fréquenté, mais tout aussi beau. Nous y retrouvons Rex et Beni, deux jeunes habitants de Hong Kong – nous les reverrons en novembre – que nous avions rencontrés dans le bus ainsi que deux français avec qui nous partageons le même dortoir. Nous profitons de la soirée pour admirer un magnifique coucher de soleil et partager un repas ensemble. Le lendemain matin, réveil à 5h30 pour voir le lever du soleil… Il fait froid, on est un peu fatigués et nos jambes sont lourdes, mais qu’importe. Le ciel s’éclaircit doucement, les montagnes se dessinent au loin, la boule rouge-orange pointe le bout de son nez et nous réchauffe doucement, nous sommes les rois du Monde!

« Mur aïe… »

Pingyao (Shanxi) et Xi’an (Shaanxi), deux villes fortifiées, nous offrent la possibilité de passer une dizaine de jours bien protégés, même si à l’intérieur des remparts, les ruelles et avenues sont assez animées. Pingyao, dont le centre est interdit aux voitures (mais pas à toutes, apparemment…) permet de flâner, tout en jetant un regard aux nombreux petits magasins de souvenirs. Certains semblent vendre des antiquités, mais selon nous, il s’agit le plus souvent d’objets fabriqués en grande quantité, simplement sales, ce qui peut laisser penser qu’ils sont anciens. Nous ne nous laissons donc pas avoir! Lors de nos ballades, nous nous enfilons avec plaisir dans des cours et visitons certains anciens bâtiments. Xi’an, dix fois plus grande (plus de 4 mio d’habitants), est une ville tout ce qu’il y a de plus banal. Trafique intense, bruits, monde, grands centre commerciaux, fast food et enseignes de luxe occupent les avenues. Mais à quelques mètres seulement des grandes artères, de petites gargotes où l’on peut déguster d’excellents plats de nouilles ou de dumplings, nous font retrouver la Chine un peu plus traditionnelle que nous apprécions tant. C’est aussi dans l’une de ces ruelles que l’on pourrait acquérir un sac ou une paire de chaussure d’une marque haute couture pour une somme beaucoup plus raisonnable que dans le shop officiel… A 300 mètres de distance à peine, les contrefaçons côtoient donc leurs modèles!

Ces deux villes, différentes sous de nombreux aspects, ont un point commun plutôt sympathique: il est possible de se promener sur leur muraille. A pied à Pingyao, ou en vélo à Xi’an, en faire le tour donne un intéressant point de vue sur les toits de la ville. Bien sûr, comme tout activité sportive, tout risque n’est pas exclu… Lorsque l’on fait un peu l’imbécile et que l’on slalome autour de sa petite femme, une chute ne peut pas toujours être évitée… Mais à 100 mètres de l’arrivée, c’est un peu bête quand même, non?!

A l’extérieur des remparts de Pingyao, nous visitons la Demeure de la famille Wang puis jouons quelque peu aux aventuriers dans le château souterrain de Zhangbi. La visite guidée y est obligatoire… nous comprenons pourquoi. Seuls, nous n’aurions jamais retrouvé notre chemin dans ce labyrinthe construit il y a 1400 ans. Les tunnels descendent à plus de 26 mètres sous terre, sans aucune fondation. Nous nous y enfonçons donc pas très rassurés. A Xi’an, nous sommes émerveillés par l’armée des soldats de terre cuite. Comptant parmi l’un des plus célèbres sites archéologiques du monde, ce trésor a été découvert tout à fait par hasard en 1974 par des paysans qui creusaient un puits. Nos sols recèlent donc différentes richesses: parfois du pétrole qui peut faire la fortune de certains, parfois un trésor d’un tout autre ordre, prêt à enrichir notre civilisation d’une culture révolue.

Au pays des troglodytes.

Après le calme des montagnes du Wutai Shan, nous avons rejoint la petite ville de Taiyuan (2,8 mio d’habitants seulement). Notre court séjour nous a permis de visiter la vieille ville de Yuci dont les plus anciens bâtiments datent du XIVe siècle. Très prisée par les réalisateurs de cinéma, elle nous a permis de visiter un peu de Chine « authentique » dans le calme. Hormis quelques vendeurs de souvenirs et des stands qui proposent des photos en costume (militaire, princesse, mafia italienne, samouraï), seuls quelques touristes occupent les rues.

Taiyuan nous a surtout permis de faire une pause sur le chemin pour Qikou. Après une journée de bus quelque peu caotique (voir la rubrique de Fabrice), nous atteignons enfin ce village situé au bord du fleuve Jaune. Nous ne regrettons pas nos neuf heures de trajet: le paysage est magnifique. Notre bel hôtel surplombe le fleuve et nous permet d’admirer le coucher du soleil.

Alors que depuis notre départ de Pékin nous suivons des chemins assez traditionnels dans la visite du Shanxi, Quikou est l’occasion de sortir quelque peu des sentiers battus. Petit village où il n’y a pas grand chose à faire, Quikou est un excellent point de départ pour se promener vers des habitations troglodytes. A une heure de marche environ, le petit village de Lijiashan permet de découvrir ces fabuleuses maisons. Creusées dans un terrain extrêmement meuble ou dans de la roche, elles protègent du chaud en été et du froid en hiver. De plus, elles ne nécessitent que peu de matériaux de construction.

Invités dans une ou deux de ces constructions, nous avons découvert un intérieur très simple. En général, un immense lit en briques occupe la plus grande partie de la pièce qui est voûtée. Notre chambre d’hôtel, d’ailleurs, y ressemble fortement. Les 2 cm de matelas suffisent tout juste à adoucir nos nuits… Pourtant, nous n’avons même pas mal au dos!

Voyage en bus : compilation.

Pardon? Quoi? Non désolé je ne parle pas Chinois… Qu’est-ce qu’elle m’écrit encore?! Non vraiment désolé, je ne LIS pas non plus le Chinois!

Wo zu Pingyao! … Comment ça y’a pas de bus pour Pingyao? Il est pourtant noté sur le tableau à 12h00! Enfin je crois, c’est bien les 4 battons qui se croisent avec les 3 petits et qui forment un machin-bidule?!.

*/=(&/& Fengyang * »/*

But why is there no bus to Pingyao today?

…sorrrry… *)(/* Fengyang.. ç? »=? » Pingyao!!!

Ha ok, on va à Fengyang et après on change pour Pingyao (avec les sous-titres ça serait plus facile!)… Dans 5 min?!!! Tirouuuuuu, on a 5 min pour prendre le bus qui nous amène à Feng..quelquechose.

???

Oui je sais, on fait un petit détour.

Purée on y est! Hein quoi? Me pousser? Oui bein je prends le sac sur les genoux, no problème! Combien de temps? Une heure? Easy!!! */&%* Quoi 2 ou 3 en fait? … Non vraiment, j’ai les genoux solides (aïeuuu!).

C’est pas non-fumeur le bus en Chine? Ha non c’est vrai… non vraiment merci, je crois que je vais laisser la fenêtre ouverte!

Hoo il est mignon le bébé! Sa maman n’a pas l’air bien par contre. Qu’est-ce qu’elle fait avec ce sac en plastique?… Heuurrrkkkk!!!!!!! Tirou dort, heureusement qu’elle n’a pas vu ça! Qu’est-ce qu’elle fout maintenant avec son sac de vomis?!! Balance moi ça avant que ça n’éclate dans le bus!

Qu’est ce qu’on s’arrête encore? … Un pneu crevé?! Nous v’la bien! … 30 minutes, easy, on a tout notre temps.

Est-ce que quelqu’un pourrait monter la clim à plus de 15 degrés s’il vous plait?! Ou à défaut, couper le son de la télé, on se croirait à un concert de Métal!

Encore un arrêt… C’est quoi cette fois?… Un accident?! (&%ç »*? Non merci, pas trop envie d’aller voir. Non vraiment, on va attendre ici. (1 heure plus tard) Pourquoi ils prennent tous leurs affaires? %çç(ç&» Hein quoi? Un bus nous attend de l’autre côté? Bon bein OK. Tirouuu…

Bon alors là c’est un motard allongé sous des herbes avec des trucs bizarres tout autour… continue chérie … ha et ça c’est la moto (enfin ce qu’il en reste). C’est ce bus là?! Allez go!

3766ème dépassement, vas-y klaxonne ça te fera pas aller plus vite (il l’a vu le camion en face?!!). Ouf!!!!!!!! T’imagine? 3766 et on est toujours en vie!!! On devrait quand même penser à jouer au loto quand on rentre! (quoi c’est pas drôle?!)

RRRRRRRRRRRtttttt PFFF, 65’895ème crachat… Ça non plus c’est pas interdit dans le bus?!

BOOM BOOM BOOOMMM…
Excusez moi jeune homme, mais je crois que votre natel hurle un peu trop fort! Et en plus Barbie Girl c’est plus en vogue depuis 1998 chez nous!


C’est moi ou le moteur du bus est éteint? Ha non c’est bien ça. Il sait le chauffeur que le frein moteur ça ne marche pas bien à la descente d’un col? Ha, mais il est en train de téléphoner pour réparer la panne… Tout beigne, le frein-téléphone ça marche aussi! Bon ben je vais dormir un moment et on verra si on est toujours en vie à l’arrivée!

Purée on y est, et toujours en vie en plus!!!!

Ha, y’a pas que la maman qu’avait pas l’air bien! Heurk, Heurk, Heurk!

Demain? Ouais Xi’an, mais là on va prendre le train je crois…

Note de la rédaction : la totalité de ces événements se sont passés à une ou plusieurs reprises sur moins de 4 voyages en bus… On se réjouit des 3 mois restant!