Après la frontière, la jungle

Dernier massage, derniers petits plats thaïs, dernière bière Chang ou Leo et de l’autre côté du Mekong, le Laos. Deux minutes de traversée en bateau, une demi-heure d’administration pour l’obtention d’un visa et nous voilà dans le pays duquel nous n’avons eu que de bons échos. En effet, nous n’avons jamais rencontré personne qui n’ait pas aimé son séjour dans ce pays.

Des singes, des oiseaux fabuleux et des serpents
Et bien non… nous n’avons rien vu de cela lors de notre mini trek dans la jungle. Hormis des moustiques et des insectes, nous n’avons croisé aucun animal, même si nous avons entendu quelques sons étranges. Certainement effrayés par les touristes qui s’y baladent trop régulièrement, nos amis les bêtes ont dû se déplacer en des espaces plus éloignés. Nous n’avons pas non plus rencontré Tarzan qui, pourtant, aurait pu se déplacer de liane en liane. Car des lianes, de la végétation et des arbres incroyablement énormes, il y en a! Nos guides, d’ailleurs, en font bon usage lorsqu’il s’agit de cuisiner. C’est dans un morceau de bambou géant qu’ils laissent mijoter la viande à laquelle ils ajoutent des fleurs de bananier récupérées en chemin. Puis c’est dans un autre morceau de bambou, soigneusement taillé qu’ils versent le met parfaitement assaisonné. La « table », quant à elle, est majestueusement dressée sur des feuilles de bananier. A l’aide de l’une d’elles, un de nos accompagnateurs construit de petites cuillères très appréciées pour boire un peu de soupe. Voir ces hommes faire un aussi bon usage de la nature qui les entourent, découvrir tout ce qu’ils savent sur les plantes qui les entourent nous impressionnent, nous qui avons perdu beaucoup des connaissances autrefois tant utilisées par nos aïeuls. Durant notre marche, notre guide nous désigne par exemple une plante qui aide à cicatriser, une seconde qui permet de faire monter le lait lors de l’allaitement, ou une autre que les jeunes hommes célibataires ne devraient pas toucher, sous peine de… nous n’avons pas tout compris, mais comme nous sommes mariés, aucun problème!

Les garçons et les filles, pas la même vie…
Lors de notre premier déplacement au Laos, ce qui nous frappe tous les deux, c’est l’apparente pauvreté des villages que nous traversons. Beaucoup d’enfants à moitié vêtus jouent au bord des routes qui sont de nettement moins bonne qualité qu’en Thaïlande. Désireux de rencontrer la population paysanne, nous enfourchons VTT puis moto (manuelle – que Fabrice maîtrise maintenant parfaitement!) et partons nous balader. Mais le contact avec la population n’est pas évident, même si quelques enfants nous adressent un Sabaidee (bonjour en lao). Nous nous sentons plutôt mal à l’aise et ne nous attardons alors jamais longtemps. Mais nous nous interrogeons beaucoup sur l’attitude des villageois et émettons plusieurs hypothèses: peut-être voient-ils tellement de touristes que nous leur sommes indifférents. Peut-être se sentent-ils épiés. Ou alors, peut-être ne voient-ils pas beaucoup de touristes et nous les effrayons. D’ailleurs, l’un de nos guides, un homme du village d’où nous partons pour le trek, a peur de nous accompagner, car il ne sait pas comment se comporter avec les étrangers (nous l’apprendrons plus tard par le chef du village). Enfin, si toutes ces suppositions ont certainement une part de vérité, il s’avère surtout qu’ils ne comprennent pas trop ce que l’on vient faire par là… Ils savent seulement que nous aimons nous promener dans la jungle et faire du kayak, ce qui occupe la plupart de nos journées dans les environs. Heureusement, accompagnés de notre guide, nous apprenons un peu mieux en quoi consiste la vie villageoise. En deux jours, nous nous arrêtons dans quatre villages de quelques centaines d’habitants chacun, où nous avons notamment l’occasion de visiter les écoles. Les enfants, dès l’âge de sept ans, y étudient le lao, les maths et l’environnement. Dès sept ans? Nous voyons pourtant que certains marmots sont bien plus jeunes… Eh bien ils ne font qu’accompagner leur grand frère ou grande soeur, ce qui permet aux parents de s’en décharger, eux qui doivent aller travailler aux champs. Tiens, d’ailleurs, l’un d’eux qui doit être âgé de trois ans s’en va: il passe la petite barrière et s’enfuit en courant. Nous le recroiserons plus loin, dans le village. L’enseignante elle-même, s’occupe de son dernier né tout en exerçant sa tâche. En ce moment, il est assis par terre, mais parfois, elle l’attache sur son dos. Habituellement, ce sont les petites filles qui s’occupent de leurs plus jeunes frères et soeurs pendant la journée, lorsque leurs parents partent travailler. Parfois âgées de quelques années seulement, elles sont comme de vraies petites mamans. Mais grâce à un programme alimentaire du WFP (World Food Program), les fillettes sont aussi envoyées à l’école: pour chaque fille scolarisée, sa famille reçoit vingt kilos de riz tous les trois mois, soit deux fois plus que pour un garçon. Cependant, une fois l’école terminée, les habitudes subsistent: alors que les garçons sont entièrement libres de leur temps, les filles s’amusent un peu, mais ne doivent pas oublier d’aller chercher de l’eau à la rivière, puis de préparer le repas. Cela explique donc pourquoi nous croisons surtout des garçons à bicyclette ou jouant dans la rivière.

Comme à l’époque
Aujourd’hui, chez nous, la vie de village n’est plus ce qu’elle était. On ne connaît pas toujours ses voisins et la vie ne semble même pas toujours là, tant les villages se sont vidés de leur poste, de leur mini magasin ou de leur restaurant. Au Laos, par contre, nous découvrons ce que devait être la vie campagnarde d’antan. Point besoin de la recréer pour une télé réalité… Ici, le forgeron, les tisseuses ou la femme qui lave les vêtements à la main sont des vérités! A la tombée de la nuit, l’effervescence est encore plus impressionnante. Les enfants jouent, courent, crient, rient, pleurent. Les animaux, chiens, poules et cochons, vont de partout. Les femmes cherchent de l’eau, préparent le riz ou rentrent de leur toilette qu’elles font dans la rivière, vêtues d’un sarong. Certains écoutent la radio et d’autres regardent la télévision (il y en a deux dans le village), mais ces activités sont toutes nouvelles puisque l’électricité n’est là que depuis huit mois. Dans la soirée, quelques habitants partagent une Jarre laotienne qui contient un alcool de riz sucré plutôt goûtu (LaoLao), dans laquelle nous avons la chance de tremper nos lèvres. La soirée est aussi pour nous l’occasion de rencontrer le chef du village dont le rôle est de prendre soin du patelin et des ses habitants. Gestion des conflits entre les différentes familles ou dans les couples, aide et conseil aux familles qui ont des problèmes financiers, c’est son affaire durant les trois ans du mandat pour lequel il a été élu. Lorsque nous lui offrons un petit présent pour les enfants du village, il nous remercie, nous souhaite une bonne suite de voyage, un bon retour chez nous où il espère que nous travaillerons dur afin de pouvoir revenir au Laos avec encore plus d’argent…

6 réponses sur “Après la frontière, la jungle”

  1. Les photos sont toujours aussi top. Particulièrement celle en équipement de kayak. Vous êtes très beaux tous les deux. Je sens qu’une des photos où tu pagaies Fabrice, je sais à qui elle va faire plaisir…! Ce périple au Laos a l’air passionnant, je me réjouis de la suite.
    A bientôt
    bizz Jo la Tantine!

  2. Salut les loulous!!

    C’est Noël chez nous je me suis levée tôt, il y a une belle couche de neige mais une bise désagréable! Je suis contente de mêtre levée comme ça je prends le temps de vous lire c’est un régal et ces photos sont magnifiques, je trouve fou qu’il y ait autant de différence à si peu de kilomètre! JOyeux Noël ON vous aime fort!!Fab plus Chris

  3. Vous nous faites toujours envie avec vos sperbes articles et vos photos dont la qualité de chacun ne cesse de s’améliorer!
    On pense bien à vous en ce jour de Noël. Ici la neige a recouvert les pentes qui attendent avec impatience que nous chaussions nos lattes 🙂
    A tout bientôt

    Olivier

  4. Les « pétufles » (les kayaks…) sont magnifiques !
    Il me semble voir des passagers clandestins (de même que sur le scooter…) ?
    Le pays semble très propre et beau.
    Pensons souvent à vous.
    Bisous !
    Papa

  5. Nous nous sommes rencontrés, il y a je crois tout juste un mois à Sukotaï. Me voilà rentrée dans le sud de la France et je prend enfin le temps de vous lire, quelle joie de vous retrouver et de vous suivre, superbe le Laos, ça fait rêver… à très vite j’espère. Je vous embrasse fort et puisque c’est le début de la nouvelle année, je vous envoie tous mes voeux de bonheur, d’amour, de santé et vous souhaite encore de beaux voyages, de douces rencontres et de sereines journées…
    Dans l’amour et la gratitude,
    Cécile.

  6. C’était un plaisir de vous croiser un instant à la chute de Tayick Seua, la plus belle qu’on ait vu jusqu’à présent.

    Bonne continuation dans votre tour d’Asie, on vous souhaite encore plein de belles photos.

    Lionel

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