Quatre mois en Chine

Vous aurez peut-être remarqué que les différents articles ne sont pas écrits de la même manière. C’est qu’ils sont parfois écrits par « elle » et d’autres par « lui ». Car écrire à quatre mains, ils ont essayé, mais ça n’a pas fonctionné…

Pour marquer la fin d’un voyage de quatre mois en Chine, tous les deux avait tant à dire, qu’ils ont décidé d’écrire chacun un article, mais sans se concerter.

La Chine vue par Sophie
Le 20 juillet dernier, accompagnée de mon cher et tendre, je montai dans mon premier avion en direction de l’Asie. Première destination, la Chine. Je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre. On m’avait seulement dit qu’à Pékin, en juillet, il ferait extrêmement chaud et humide, que les Chinois crachaient beaucoup et que les toilettes publiques, si sales, étaient à éviter. Moyennement réjouissant tout cela, non? Moi, je me demandais avant tout comment nous nous débrouillerions avec cette langue qui n’a rien de commun avec celles que nous connaissons. Aujourd’hui, après quelque quatre mois de voyage dans cette République populaire, j’y vois nettement plus clair.

La Chine est immense! Cela, pratiquement tout le monde le sait. Même en quatre mois, nous n’avons pu nous rendre dans toutes les régions. Comme nous voulions prendre notre temps, nous avons dû faire des choix. Nous n’avons pas visité la côte est et la région de Shanghai, ni l’extrême Ouest et ses Ouïghours. Mais un jour, c’est sûr, nous nous y arrêterons, parce que la Chine, nous avons adoré! Oui, c’est vrai, très souvent, les gens crachent après s’être profondément raclé la gorge (d’ailleurs, les premiers temps, c’est plutôt choquant). Oui, la majorité des toilettes publiques sont vraiment sales (immonde même, en fait). Oui, la cigarette est encore partout et peut s’avérer gênante, surtout durant de longs trajets en bus. Mais ce n’est pas ces quelques aspects négatifs que je retiendrai de la Chine. La Chine, d’après plusieurs points de vue, culturel, humain, ou culinaire notamment, s’avère extrêmement riche. La Grande Muraille, le Monastère suspendu et les Bouddhas des grottes de Datong, l’armée de terre cuite de Xi’an et les monastères tibétains, par exemple, resteront de magnifiques souvenirs. Les sites naturels de toute beauté ne manquent pas non plus: les steppes de Mongolie Intérieure, les montagnes du Wutai Shan ou du Hua Shan, les lacs et les montagnes du Tibet, les forêts et eaux turquoises de la région de Jiuzhaigou , la Gorge du Saut du tigre ou encore les pics karstiques du Yunnan nous ont offerts des paysages grandioses. Humainement, nous avons eu affaire à des gens souvent rudes au premier à bord, mais très souvent prêts à nous aider en nous renseignant ou nous guidant par exemple. Régulièrement, nous avons été frustrés de ne pouvoir communiquer avec les locaux. Questionner les gens sur leur vie quotidienne, leurs idées ou leurs sentiments s’avère impossible tant qu’aucune langue n’est commune. Par chance, plus nous nous sommes approchés du sud du pays, plus nous avons rencontré des gens parlant anglais. Discuter avec eux nous a permis de comprendre un peu mieux leur état d’esprit. Je n’oublierai pas les paroles de cette jeune mariée de retour de lune de miel du Tibet qui disait que vivre en Europe devait être tellement plus facile. En Chine, disait-elle, il y a tellement de monde, qu’il faut se battre pour tout. Étudier, par exemple, ou savoir parler l’anglais, n’est même pas une garantie d’un bon avenir, car il y a tant de monde sur le marché du travail que décrocher un job n’est pas une mince affaire. Je n’oublierai pas non plus les mots échangés avec certains Tibétains. Si ces temps, dans les journaux occidentaux, on ne parle plus beaucoup de ce qu’il se passe dans leur région, cela ne veut pas dire que dans les années 2000 leur situation ait évolué dans le bon sens. Peut-être ont-ils un meilleur accès aux soins ou à l’éducation et qu’ils ne vivent pas si mal grâce au tourisme, mais ils ne sont pas libres. Pas libres de se déplacer à leur guise, pas libres d’adorer leur chef spirituel, pas libres de parler de politique. Je repenserai aussi aux discussions sur la nourriture. Les Chinois se sont souvent montrés surpris lorsque nous grignotions des carottes crues…

  • Comme des lapins?!
  • Oui, c’est trop bon. Cela peut vous sembler bizarre, mais vos pattes de poulet nous font le même effet… Nous adorons vraiment la cuisine chinoise si variée, mais vraiment, nous ne désirons pas goûter à ces pattes. Et à ce propos, mangez-vous des chiens?
  • Quoi?! Mais non, les chiens sont les amis de l’homme!

Alors malgré ce que l’on pense parfois en Europe, la plupart des Chinois ne mangent pas de chien. En tout cas, en quatre mois de voyage, nous n’en avons jamais vu dans des assiettes… Pourtant, si l’on regarde certains reportages télévisés, l’on pourrait croire que manger du chien est monnaie courante. Un reportage de TF1, notamment, montrant l’horreur des enfants enlevés en Chine (un chaque minute), laisse entendre que les Chinois mangent du chien, cherchent à tout prix à avoir un fils et n’aiment donc pas les petites filles – et ce en quelques minutes seulement. Alors oui, ce sont des réalités, mais valables uniquement dans certaines régions! D’ailleurs, nous avons été fortement surpris d’être autorisés à voir un tel reportage sur Internet depuis la Chine, car la toile est extrêmement contrôlée. L’accès à Facebook ou Youtube est par exemple impossible, à cause de la censure gouvernementale. De même que les statistiques ou sources historiques sont restées cachées jusqu’à il y a peu, aujourd’hui, l’information est fortement orientée par les autorités. Séjourner dans un pays avec un tel contrôle pour nous qui sommes si libres de pensées a souvent été étrange, notamment lorsqu’il s’agissait de regarder les nouvelles télévisées en anglais. A notre retour, nous n’apprécierons donc qu’encore plus notre droit de vote! Mais le retour n’est pas pour tout de suite. Nous avons encore tant de cultures et de sites naturels ou culturels à découvrir que nous allons poursuivre notre route avec la plus grande des attentions.

La Chine vue par Fabrice
Je n’aime pas vraiment faire de bilan en matière de voyage… Cela consisterait à peser le pour et le contre de nos expériences, d’en sortir un résultat selon la quantité positives ou négatives de celles-ci pour enfin définir un : j’aime ce pays ou je n’aime pas ce pays.

La Chine a tellement de facettes, qu’on ne peut pas s’essayer à ce genre d’équation. J’ai le sentiment aujourd’hui, qu’il faut surtout passer par-dessus les images que l’on a de la politique chinoise et se laisser porter par sa culture.

S’il y a une image que je devrais retenir, alors ça serait celle de ces milliers de personnes qui se regroupent tous les jours, matin et soir, dans les parcs, pour y pratiquer toutes sortes de danses, de musiques ou de jeux. Car c’est bien là le moteur de la culture chinoise : vivre ensemble. C’est un raccourci, je l’admets. Il ne faut pas se voiler la face, il y a aussi de fortes tensions entre les différentes ethnies du pays. En attendant, la danse dans les parcs leur est commun à tous. Le risque aujourd’hui pour les Chinois, c’est sans aucun doute le glissement vers une société de plus en plus capitalise et individualiste, qui s’attaque au cœur même de cette culture.

Et puis il y a les Chinois! Fiers, serviables, souriants, bruyants, actifs, pas discrets, incompréhensibles, drôles. Nous pouvons compter sur les doigts d’une main le nombre de « conflits » que nous avons eu avec eux. En quatre mois, reconnaissez que ça ne fait pas grand chose. Et là encore, je ne m’y attendais pas. « Voyager en Chine, c’est compliqué » nous a-t-on répété avant notre départ… Avis au voyageur : voyager en Chine, il n’y a rien de plus simple! Il y a toujours quelqu’un pour vous aider, même s’il ne parle pas un mot d’une langue que vous connaissez. En plus, pas d’entourloupe! Les Chinois sont fiers, ne vous l’avais-je pas déjà dit?! Vous arriverez toujours à bon port, quoi qu’il en soit.

Finalement, c’est ça que je retiendrai de ce périples chinois… Les gens, et eux m’ont conquis.

J’ai aussi envie de vous parler du Tibet. De sa beauté, de Lhassa et son ambiance si spéciale, de ses habitants et de la situation inadmissible dans laquelle ils vivent. Ce que veulent les Tibétains? Avoir un passeport, pouvoir se déplacer sans en demander l’autorisation, ne pas voir leur culture disparaître gentiment parce que gommée ou interdite peu à peu par le gouvernement chinois, bref être LIBRES. Je pense à cet homme, que j’ai vu pleurer un soir, un sourire sur la figue en évoquant cette situation. Presque résigné et un peu fataliste, mais n’ayant cependant pas perdu tout espoir. Un jour peut-être, la communauté internationale osera taper du point sur la table. En attendant, j’ai peur que ce jour n’arrive jamais.

Voilà tout le contraste qui résume ce gigantesque pays. D’un côté, un gouvernement qui n’en fait qu’à sa tête et qui ne respecte pas grand chose hormis le développement économique du pays. De l’autre, une population avec un fort caractère, travailleuse et qui a su garder ses valeurs profondes. Si je m’étais arrêté à la politique, je n’aurais jamais pu apprécier tout ce que les Chinois ont à nous apprendre et à nous offrir. Alors si vous en avez la possibilité, faites de même et laissez tomber vos aprioris!

Une pensée sur “Quatre mois en Chine”

  1. Ouah! Vos articles sont tellement bien écris!! C est que du bonheur de vous lire et si prenant et cela me donne envie de découvrir aussi! Vivement une nouvelle lecture!

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