15 jours au Tibet.

Il y a des destinations particulières dans un voyage. Avant de partir, nous étions hésitants sur le fait d’aller au Tibet. Après 15 jours passés sur le toit du monde, nous revenons avec les rétines marquées pour le reste de notre vie. Le Tibet est magique! On devrait s’arrêter là, mais nous allons essayer de vous transmettre quelques-uns de nos sentiments.

Le Tibet, c’est haut!

Pour comprendre comment se passe un voyage sur le toit du monde, il faut d’abord connaître un peu sa géographie. Lhassa, la capitale, se situe à plus de 3’600 mètres d’altitude. Pour y arriver, trois possibilités: l’avion, le train ou la route. Nous avons opté pour la seconde qui a l’avantage de nous faire découvrir les hauts plateaux tibétains et de nous acclimater gentiment à l’altitude. Concrètement, le train reliant Beijing à Lhassa – nous ne le prenons que depuis Xining – est le plus haut du monde et nous avons passé une bonne partie du trajet à plus de 5’000 mètres!
Ensuite, la situation politique est telle qu’il est quasiment impossible de s’y rendre ou de s’y déplacer par ses propres moyens. Il nous a donc fallu passer par une agence qui nous a fourni un permis, un chauffeur et un guide. Pour ce voyage, afin de diminuer un peu les frais, nous avons été joints par Obasan et Pierre (une Japonaise et un Français). Pour en savoir plus sur leur voyage, rendez-vous sur http://thetravelsofobasan.blogspot.com/.

Lhassa, ville à part.

Ce qui frappe tout de suite en arrivant, c’est l’étrange atmosphère qui règne dans cette ville. Mélange de spiritualité, d’authenticité et de tension. Les pèlerins suivent religieusement le kora (circuit de pèlerinage autour d’un temple) autour du Temple du Jokhang (haut lieu du Bouddhisme) sous les yeux de centaines de militaires qui sont postés à tous les coins de rue et sur les toits de la ville. Les ruelles sont enfumées par l’encens que brûlent les gens dans des sortes de fours blancs. Des carcasses de yaks s’étalent sur les marchés à côté de minis magasins de souvenirs. Dans le flot de pèlerins, certains se prosternent tous les deux mètres au milieu de la foule. On voit des Tibétains venus en pèlerinage dans cette ville sainte depuis de lointaines contrées – on les reconnait à leurs coiffures et habits particuliers. Des moines partout, mais jamais en groupe. Et sur les toits, des militaires… Et dans les rues, des caméras…

Le Tibet, côté pile.

Ici la nature est reine. Le lac Nam-Tso, par exemple, est probablement l’une des plus belles choses que nous ayons vue. Les couleurs changent à chaque instant selon l’ensoleillement. L’eau est parfois turquoise, puis verte ou bleu profond. D’immenses prairies le bordent puis, dans le fond, des sommets enneigés et aucun arbre à l’horizon. Le vent balaye fortement cette zone et fait s’envoler d’innombrables drapeaux de prières, à tel point qu’ils forment comme un abri au-dessus de nos têtes. Il fait froid et la neige s’invite même sur notre route, nous rappelant que nous sommes fin septembre et que l’hiver pointe le bout de son nez.

Partout sur notre chemin, des troupeaux de yaks ou de moutons pâturent avec leurs bergers. Dans les vallées, il est l’heure des moissons et dans les champs, les gens travaillent à la récolte. Certains de manière moderne, d’autres à la main avec des chevaux ou des yaks à la place des tracteurs.

Après un trajet sur une route chaotique, nous passons un col à plus de 4’500 mètres (encore un!) et là le Qomolangma – pardon l’Everest – se dresse devant nous pour les dernières minutes de la journée. Instant magique, nous voilà devant la fameuse Face Nord! Trois jours suivront sans un seul nuage dans le ciel, ce qui est rarissime, apparemment. Des voyageurs nous ont dit ne jamais l’avoir vu en entier durant la totalité de leur séjour. On pensait avoir grillé nos cartouches de chance avec les Pandas, mais non!

Nous poursuivons notre route en direction de la frontière népalaise. Les hauts plateaux tibétains ont une étrange ressemblance avec ceux du Haut Atlas marocain. La Route de l’Amitié, nous menant à la douane népalaise, nous fait descendre de quelques 2’500 mètres en une journée! Au fur et à mesure de la descente, une végétation tropicale fait son apparition. Au bout de la route, la ville de Zhangmu s’étale le long de l’unique et étroite voie d’accès reliant les deux pays. Nous accompagnons Pierre à la frontière, le Népal de l’autre côté du pont nous tend les bras, mais nous devons repartir… Notre visa chinois n’expire que dans deux mois et il nous reste beaucoup à voir. Le Népal, ce sera pour une autre fois.

Le Tibet côté face.

L’extrême beauté des paysages ne nous laisse tout de même pas indifférents face à la situation des Tibétains. On ne va pas vous faire ici un cours d’histoire, mais simplement tenter de relater ce que nous avons saisi de la situation actuelle. Dans quel état d’esprit se trouve la population tibétaine? Elle qui ne peut pas circuler librement sur son territoire, qui est surveillée et contrôlée en permanence. Elle qui voit, à chaque coin de rue, les visages de ses « libérateurs« . Nous avons pu, à plusieurs reprises, discuter avec des habitants. Si leur religion leur permet souvent de relativiser leur situation, leurs sentiments sont clairs et ne nécessitent généralement que peu de mots pour être compris. Il y a une véritable peur de ce qui peut être dit, ou plutôt entendu et lorsque parfois quelques mots sont prononcés, le passage d’un inconnu interrompt directement la conversation. Dans ce cas, nous ne forçons pas la discussion qui pourrait avoir de fâcheuses conséquences pour notre interlocuteur.

Nous avons beaucoup d’exemples du genre et nous devons, nous aussi, nous méfier des choses qui nous entourent ici… Le Tibet est probablement l’une des plus belles régions du monde, mais nous ne pouvons pas rester indifférents à la vie que mènent ses habitants. L’accoutumance à cette réalité est souvent une façade. Le sentiment prédominant de la population étant le fatalisme, nous ne pouvons qu’espérer que la situation puisse évoluer dans le bon sens pour les Tibétains. Après tout, un texte ne dit-il pas que chaque être humain naît libre et égaux en droits?!


10 réponses sur “15 jours au Tibet.”

  1. Bonjour les grands voyageurs!
    C’était trop super de vous parler dimanche par la web cam. Quant au Tibet, quelle expérience magnifique, vous avez dû avoir le souffle coupé devant tant de beauté. Je ne vais pas me lasser de regarder à nouveau les photos, je ne le cache pas, je suis très fière de dire, « mes neveux sont à l’autre bout du monde » et quel autre bout! Bon quant au steak de yak, faut voir… c’est peut-être le moyen de faire du régime………!
    Bonne route pour la suite et merci de cette belle expérience. (Je me demande ce que ça donnerait des yaks dans les prairies de l’Oberland Bernois, en tout cas ils auraient assez chaud avec leur fourrure.) Bizz à tous les deux. La Tatie Yo

  2. C’était pas forcément la meilleure idée de ma journée que de passer voir votre site…. Question motivation pour le boulot, c’est pas terrible 😉 Par contre, bonjour le gros flashback suivi d’un bon gros blues…. Encore merci, bandes de rascals 😀
    Dans tous les cas, profitez bien et ne rentrez que quand vous le sentirez.

  3. Hey, désolé Steph, maintenant c’est notre tour. Au passage, on a souvent pensé à toi sur la Route de l’Amitié. On a vu pas mal de cyclistes qui vont au Népal. Avec des cols à 5300 mètres, j’appelle ça des guerriers!
    Encore 40 jours en Chine, puis un stop à Bangkok et direction le Myanmar!
    Seeya fab

  4. @Tatie Yo : Oui c’était vraiment sympa… comme tu es une lectrice assidue, tu auras le droit à une carte spéciale d’ici quelques semaines…
    Bizzz faso

  5. Coucou vous deux ! Nous avons passé de super vacances en Andalousie, beaucoup de choses à visiter, musées, des villes/villages pittoresques, le soleil, les plages, du shopping, des gens adorables et nous nous sommes aussi bien régalés avec les Tapas. Mais notre petit séjour n’était sans doute pas aussi magique que votre voyage au Tibet. Vos photos sont splendides et on voit que vous êtes très heureux car partout vous avez le grand sourire. Nous sommes ravis de pouvoir partager un peu de votre aventure depuis Fiez grâce à votre blog qui est toujours aussi captivant. Nous nous réjouissons déjà de lire la suite…nous sommes de tout coeur avec vous. Bises Yoyo et Guy

  6. Alors là, les larmes ont giclé!
    Vous y étiez enfin… Je suis tellement contente pour vous!
    Bisou bisou!
    Aurélie

  7. Chère Sophie, cher Fabrice,
    très contente de savoir que votre voyage au Tibet se passe bien! Je suis étonnée que vous ayez pu prendre des photos dans cet environnement surveillé… comme toujours, elles sont magnifiques et très pro. Mille fois merci pour la carte avec les guerriers en terre cuite!Elle nous a fait très plaisir.
    Bonne suite de voyage, profitez, ici voilà déjà 1 semaine qu’on est sous le brouillard!
    Bises de ma part et de celle de Robert.
    Mary-Jo

  8. Coucou les Amoureux!
    beaucoup d’émotions durant ce voyage au Tibet, on dirait. Ça a l’air magique, si beau et si dur en même temps. On ne peut s’empêcher de penser aux conditions de vie des Tibétains, pour ce qu’on en connaît. C’est toujours très émouvant de vous lire, les amis, car vous le vivez si bien, ce voyage, vous le vivez profondément. Et vous avez l’air heureux. C’est magnifique.
    Profitez encore! Je pense que vous n’êtes pas au bout de vos surprises. Et puis, en parlant de cartouches de chance, je me dis qu’on a la chance qu’on mérite. Et je ne vois pas qui peut mériter toute cette chance mieux que vous deux.
    Remplissez encore vos mirettes, votre coeur et votre âme.
    Toute la petite famille vous embrasse bien fort et se réjouit des prochaines nouvelles.

  9. Hello!
    Rhô, pas encore d’article sur le Yunnan 😉
    On se réjouit de vous lire pour en avoir un avant-goût, et du même coup, bénéficier de votre expérience. De notre côté, on quitte le Guizhou oriental demain direction le Guangxi. Certains villages Miao et Dong sont à coupé le souffle, mais malheureusement touristiques. Si vous voulez des infos, n’hésitez pas 😉
    On prévoit d’être au Yunnan d’ici une dizaine de jours, qui sait on peut peut-être se recroiser à Yangshuo ou à Kunming.
    Profitez bien et bise à vous deux

  10. C’est génial, j’ai l’impression d’être avec vous… mais dès que je relève la tête, je me retrouve dans mon bureau Genevois…
    Profitez bien!

    Bisous

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